VALSE AVEC MON CINEMA

AMERICAN HISTORY X - Tony Kaye

1998 - Etats-Unis - 2h env.

Drame sur la rédemption (Sujet ô combien cher au cinéma américain)

 

Distribution: Edward Norton (Derek Vinyard), Edward Furlong (Danny Vinyard), Beverly D'Angelo (Doris Vinyard), Elliott Gould(Murray), Stacey Keach (Cameron Alexander), Fairuza Balk (Stacey), Avery Brooks (Dr Bob Sweeney), Jennifer Lien (Davina Vinyard), Ethan Suppley (Seth)

 

  

 

American History X s'ouvre sur une scène de sexe intense pour se terminer dans un bain de sang...Comme pour nous questionner sur les chemins qu'emprunte l'Amérique...la route 66 est une route mythique mais ici, il s'agit plus d'une histoire qui commence au carrefour du Sexe pour se finir à l'intersection de la violence...

 

 


 

Danny, un brillant lycéen de Venice Beach - quartier ouest de Los Angeles - vient de rendre à son professeur un dossier faisant les éloges de l'idéologie nazie intitulé ''My Mein Kampf''. Le proviseur Sweeney qui connaît les ''antécédents'' familiaux de l'adolescent juge ces idées malsaines sans réel danger. Mais, ne voulant pas laisser tomber l'adolescent et afin de le faire réfléchir sur les thèses qu'il avance, lui ordonne de rendre un nouveau dossier dont le sujet devra être son frère aîné Derek et qui aura pour titre American History X.

 

 

Nous sommes alors à la date de sortie de prison de ce frère qui vient de purger une peine de 3 ans pour meurtre au pluriel. Et il ne reste que 24h à Danny pour rédiger son devoir.

 


 

Tout au long d'un récit temporellement éclaté et soutenu partiellement  par la voix off de Danny, on comprend ce qui l'a mené à défendre les positions  réactionnaires soutenues si longtemps par un frère qui a toujours été un modèle pour lui.

 

 

Le réalisateur Tony Kaye a trouvé un sujet original et intense pour nous plonger  dans la tragique histoire familiale et personnelle de deux frères et par ricochet dans une Amérique blanche et puriste, sans doute celle des années 80-90. La finalité du film étant de nous emmener sur les chemins de la rédemption d'un jeune nazi redevenu un homme ''normal'' cherchant à se racheter une attitude et rompre avec ses vieux démons ainsi que ceux de son jeune frère.

 

 

 

 

Le Noir & blanc et la couleur sont deux importants indicateurs temporels qui nous replongent dans le passé et dans le présent des deux personnages principaux. C'est également une manière de voir la couleur de peau qui oppose ses protagonistes  (voir la scène d'ouverture ou celle du match de basket avec les personnages noirs versus les personnages blancs). Les points de vue de Danny et de son frère nous racontent de façon alternée (qui se succèdent, se relayent) leur rôle plutôt actif dans cette amérique raciste  et dégoûtée par les différences de cet ''autre'', ce non-blanc. Les deux frangins appartiennent à une jeunesse qui doit affronter ses drames familiaux et sociaux et qui est prête à tout pour obtenir un peu de respect. L'objectif: se reconstruire une identité et un foyer protecteur, ici incarné par le fief quasi militaire de Cameron Alexander appelé The D.O.C (Disciples of Christ). Le fameux ''Home Sweet Home'' dans lesquel ils aspirent à se sentir à nouveau eux-mêmes pour rejeter tout ce qui s'éloigne de cette pureté blanche devenue une obsession, un moteur encrassé pour détester un peu mieux. Comment tout à commencer, comment tout peut-il finir?

 

 

Derek qui a connu la haine profonde de " l'autre " l'ayant mené à l'anéantissement de "l'autre" va au final construire son projet de ''vie'' grâce à cet "autre". Un parcours qui fait frissonner jusqu'au moment de la métamorphose. Le cafard devenu papillon. Le skinhead se déleste, après être passé par la case prison, de ses à priori racistes pour comprendre que ceux qu'il appellait si tendrement! les ''nègres'', les ''jaunes'', les ''chicanos'' et les ''youpins'' connaissent à la fois une douleur similaire et autre que la sienne dans cette Amérique où les difficultés sociales et les problèmes de violence urbaine sont le lot de tous. Mais surtout ce jeune homme va comprendre que le fruit de sa fragilité et de sa rage est alimenté par la douleur liée à la perte de son père, assassiné par un dealer noir.

 

American History X où le drapeau américain côtoie cette bonne vieille croix gammée dans bon nombre de scènes s'avère également être un film assez capillaire! Sississi...Qui se rasera, qui se rasera pas? Edward Furlong et surtout Edward Norton passe d'un mode chevelu à un mode tondu, ou comment passer de l'être intelligent à l'être désespérément absurde.  De l'être sectaire à l'être sociable et tolérant. Ici, cheveux riment avec humanité or not!

 

 

La violence verbale et physique présente lors du déjeuner dominical et familial en présence de Murray, le compagnon (juif) de Doris, la mère fragile et désemparée; ou encore l'extrême sauvagerie de Derek durant le meurtre atroce des jeunes braqueurs noirs (qui peut oublier le calvaire d'un des garçons, les dents collées au trottoir...?) sont juste les sentiers les plus faciles à prendre quand on ne comprend pas tout à fait comment faire avec les autres, leurs différences et surtout quand il est si dur de pointer sa propre douleur.

 

Démago, oui-oui je vous l'accorde -j'adore ça!- mais tellement vrai et surtout tellement d'actualité.

 

 

                                                              

 

 

Seul bémol: là où je dis ''non...non...non...non...non'' c'est que le scénario, que j'aime beaucoup hein!, offre, selon moi, un peu trop rapidement à Derek cette rédemption chère à l'américain lamba. Disons que  l'acceptation et l'amour de l'autre n'ont pas mit trop longtemps à parler à un homme profondément enragé et dégouté par tout ce qui ne correspond pas à la white power, Un viol plus tard, quelques conseils pertinents du proviseur Sweeney et de nombreuses heures passées à plier des caleçons avec Lamont, son attachant co-détenu, et Derek voit enfin la vie en...couleurs!!

 

 

 

   

 

Peut-être que j'ai trouvé le traitement du temps consacré à l'épisode prison trop elliptique (court, allusif), malgré les infos temporelles données par la narration (voix de Derek). On sait alors qu'au bout de 2 jours, Derek se croit perdu, entouré de tous ses '' putains de macaques'' et de tous ces ''chicanos''. Puis le temps se trouve dilué jusqu'à J-6 qui correspond aux six derniers mois qu'il doit effectué avant sa sortie. Vous me direz peut être et vous aurez raison...3 ans pour changer c'est plutôt pas mal, même pour un sujet gangréné comme lui. Son âge est sans doute un atout, on évolue sûrement plus rapidement à 25 ans qu'à 60. Mais quelque chose me pousse à rejeter le fait que la dureté de la prison aura finalement amené Derek à capituler devant la haine, les humiliations et 6 points de suture au postérieur. Sans forcément avancer que la prison n'est qu'un microcosme de violence bien sûr...on voit bien que la lecture et l'isolement ont aussi laisser du temps à Derek pour se remettre en question!  

 

La fin du film est ce qu'on appelle une fin ouverte qui aurait pu (mais heureusement n'a pas) laisser la place à une suite, que les scénaristes auraient pu appelé, non sons humour  American History XXL !

 

 

A débattre.

 



22/10/2012
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