VALSE AVEC MON CINEMA

LECTURES


"KIFFE KIFFE DEMAIN" DE FAIZA GUENE (2004)

Après une longue période d'absence pour cause de projets personnels en parallèle, je reviens vous parler d'un livre, acheté 2 euros dans un bac de supermarché (on peut y trouver des merveilles malgré une chute des ventes significative), qui m'a fait sourire - c'est déjà bien - et même plus, rire - c'est bien mieux encore. Car c'est bien connu, le prix ne fait en rien la qualité d'une oeuvre. La preuve...

 

"Kiffe kiffe demain" est le premier roman de son auteure, âgée de 19 ans à l'époque. Un premier essai (semi-autobiographique?) plein d'humour et rempli de phrasés coupés-décalés et assez justes. Sans doute parce que les mots sont ceux de Doria, une adolescente de 15 ans, vive mais renfermée, fraîche mais frustrée par une vie pas très kiffante au sein de sa banlieue.

 

Dans une petite cité de Livry-Gargan (dans le 9-3 bébé !), Doria vit seule avec Yasmina, sa mère qui, pour s'en sortir, fait des ménages et surtout se fait exploiter par un patron peu scrupuleux. Inutile de préciser que la vie de ces deux femmes n'est pas facile, marquée par l'absence d'un mari-père "le barbu" reparti au bled épouser une jeunette plus féconde que son épouse dans l'espoir d'engendrer un fils qui sauverait son honneur.

 

Au lycée, Doria voit Mme Burlaud, une psychologue vieille, moche et qui "sent le parapoux", afin de lui faire part de son quotidien et de ses états d'âme. Sauf que Doria, elle refuse d'accepter l'aide d'adultes qui ont l'air d'avoir plus de problèmes qu'elle. Elle y va parce que c'est "remboursé par la sécu" et que ça contente ses profs. Entretemps, sa vie scolaire plutôt pas satisfaisante lui donne envie de voir le bonheur ailleurs et de vivre au jour le jour sans trop croire en l'avenir. Quand il pleut à petites gouttes, Doria pense que c'est Dieu qui lui crache  dessus alors la religion hein...Mais Doria a tout de même quelque chose qui lui fait battre le coeur un peu plus vite, c'est Hamoudi, un très beau fumeur de hasch du quartier qui se confie à elle et avec qui elle a l'impression d'être quelqu'un. Lui aussi tente de fuir les clichés et d'échapper à une existence où l'herbe n'est pas très verte.

 

Alors c'est vrai, jusque là, on pourrait se dire que ce récit n'est qu'une histoire d'adolescente boutonneuse qui se pose les questions que ma génération - trentenaires bien tassés - se posait en 1995; eh bien oui, c'est exactement ça, sauf que cette fille-là, elle aurait pu s'appeler Daria (oui la cynique drôle de la série d'animation des 90's-2000's). Et Daria est un peu mon homologue dessinée si je dois en croire mes amies. Alors Doria et moi on est devenues amies dès la 2ème page du livre. Son langage fleuri et plutôt riche - c'est pas l'ado lol 2.0 hein!! - est une vraie bouffée d'air frais littéraire. Bien sûr je n'irai pas me friter avec Mme Natacha Polomachin, critique mémère et chiante qui apporte ses services pas très nécessaires sur une célèbre chaîne privée, pour démontrer les subtilités de l'oeuvre et son rôle d'utilité publique. Mais le prix Goncourt me donne de l'urticaire, pour moi, rien ne vaut le récit d'une vie (même inventée), et je me pose en réelle fan de biographies et d'auto-biographies (surtout celles des acteurs et réalisateurs).

 

Alors je kiffe ce premier travail qui a laissé place à d'autres livres: "Un homme ça ne pleure pas", "Les gens du Balto"...et j'envie presque la créativité de langage de son auteure qui vise juste, sans être cruelle ni prétentieuse. Qui s'amuse avec ses mots des maux adolescents et qui donne envie d'apprécier la vie...en fait!

 

Ceci ne concerne que moi mais j'espère que vous aurez l'occasion de lire ce roman, sachant que ces qualités plus techniques sont qu'il est accessible, rapide à l'air et...pas cher!


26/03/2015
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LA GAUCHERE de Leslie Bedos (2005)

 

La Gauchère est un livre qui renferme 11 superbes nouvelles assez dingues et plutôt rafraîchissantes malgré leur ancrage dans le quotidien. Autant d'histoires que de personnages: humains, cruels, drôles, malheureux, amoureux, fragiles... et souvent gauches. On pourrait se demander si la journaliste Leslie Bedos ne confie pas là un bout de vie de personnages personnellement rencontrés tellement ils semblent fréquentables.

 

Son style d'écriture est simple, audacieux et provocateur et m'a beaucoup amusé mais pas que. Au fil des pages, curieuse et boulimique, j'ai eu la surprenante impression d'incarner certains de ses personnages, qu'ils soient hommes ou femmes. Toutes les émotions sont là. On passe de l'amusement à la tristesse, de la colère à l'agacement, du désir d'aimer à l'irréprochable besoin de détester ou de rire.


1. Les gens sont ridicules → A la fois gauche et très à l'aise, l'étourdie de cette première nouvelle est atypique. Sa maladresse est attendrissante et m'a fait sourire. Elle s'envoie des Chronopost par erreur, foire des rencontres de premières nécessités, blesse certaines personnes sans méchanceté aucune ou se retrouve suspectée d'être une nana puante lors d'une séance d'essayage. Mais ceux que ça gêne, c'est eux!

 

2. La grille → Une adolescente de 13 ans parle de la première fois où une grille de sécurité a été installée chez elle, masquant cette lumière dont on a besoin à cet âge, comme à tous les âges d'ailleurs. Le locataire précédent s'était défenestré alors ses parents avait rapidement penché pour cette option qui protège mais qui oppresse. Partageant sa chambre avec une petite soeur à moitié cannibale, l'héroine se rabougrit...avant de pouvoir à nouveau ouvrir une fenêtre.

 

3. Ca manque de cul → Elle (c'est l'héroine sans nom) travaille pour un journal de cul. Voici la première phrase de cette nouvelle. Elle le fait honteusement,  parce que c'est la seule opportunité qu'elle a trouvé malgré ses compétences et que ce n'est pas le style de boulot dont on est particulièrement fière de parler. Mais son problème majeur disons, c'est qu'elle n'aime pas le sexe alors le cul, encore moins. Son patron lui demande plus de passion et d'investissement. Sa vie lui semble nulle car personne n'est là pour lui donner envie d'en parler...

 

4. Ils s'aiment → Des couples. Jeunes, vieux, sincères, adultères, pas très démonstratifs ou beaucoup trop...Autant de comportements amoureux que de liens fragiles qui démontrent les différentes façons et les multiples et complexes raisons que nous avons d'aimer. Avec ou sans enfants, projets ou passions. L'amour revêt tous les visages qu'on ne lui connaît pas toujours.

 

5. Elle a lâché la barre → Une trichotillomane (personne qui s'arrache les poils et les cheveux) fraîchement séparée sur le quai d'une gare après le départ de ses enfants en vacances. Son chômage et sa solitude qui la pousse à ressortir son carnet d'adresses. Mais personne ne répond. A part sa géniale dermatologue qui lui sert d'improbable psychologue...

 

6. Lucienne et Lucien → Une mère parle longuement de ses deux enfants. Ses deux amours. Si différents mais bien sortis du même ventre. Elle se souvient de leur enfance et de leur apprentissage de la vie avant de leur annoncer ''la'' nouvelle.

 

7. La gauchère → Un voyage professionnel dans le Sud, une rencontre avec deux frangines déjantées, une voiture de location à rendre au petit matin, la gauchère doit honorer ses obligations mais n'oublie pas de prendre du bon temps. L'amusement va laisser place à la pression puis au soulagement. Qui a dit que travail et plaisir ne peuvent pas cohabiter?

 

8. L'amie → L'amitié n'a pas de modèle, il semble y avoir autant d'histoires amicales que de personnes. Ici, il est question de domination. Une relation sado-masochiste entre deux femmes aux caractères diamétralement opposés. L'une mène la danse pendant que l'autre subit, consciente mais admirative. Mais les dominés sont-ils vraiment ceux que l'on croit?

 

9. La petite ville → Un homme abandonné par sa femme va bientôt péter les plombs; Muriel, en pleine mutation géographique semble vivre dans l'ombre de sa soeur Nadine avec qui il lui semble difficile de communiquer...Bientôt la parfaite et super Tatie Nadine va croiser le chemin de l'homme en colère.

 

10. Le stand → Une jeune femme obsédée par les jeux planqués dans les magazines décide de monter un stand pour honorer un vieux désir de jouer à la marchande. L'amour de son compagnon, le décès récent de sa cougar de mère, sa vie commerciale insipide...le tout raconter avec beaucoup d'humour.

 

11. L'avance → Une écrivaine payée d'avance par sa maison d'édition se débat avec un cerveau vide d'idées. Bloquée dans son improductivité, elle doit tout de même rendre des comptes à son patron sur l'avancement de ses écrits. Passant du roman à la nouvelle, elle sèche. L'avance ou le syndrome de la fameuse page blanche.

 

 BONNE LECTURE ♥


29/07/2013
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UN GRAND ECLAT DE RIRE - Aissatou Thiam (2008)

                                     

 

Parce que le mois d'Août est généralement synonyme de doigts de pied en éventail et de plaisir de lire, j'ai décidé d'aller jeter un coup d’œil aux biographies d'acteurs à la Bibliothèque François Truffaut, nichée au cœur du Forum des Halles. Et c'est donc sur l'autobiographie de la comédienne française Aissatou Thiam que j'ai jeté tout mon dévolu. Je vous raconte ici un tip-tipeu l'histoire de cette femme qui fait partie des actrices issues de l'Afrique et des Caraïbes qui participent activement au rayonnement de la diversité cinématographique française. 


Sylviane Aissatou Thiam est assez peu connue du grand public, c'est moi-même une interprète que je voyais de temps à autre à la télé sans connaître son parcours et c'est justement pour cela que je lui consacre ce petit article aujourd'hui ! Parce que sa façon drôle et pleine de poésie de retracer son histoire personnelle m'a touchée et que j'ai eu une impression agréable de croiser une sorte de soeur à pas mal de moments.

 

Aissatou Thiam est née à Dakar au Sénégal en 1966 et débarque très jeune à Marseille avec sa famille. De mère juive espagnole et antillaise et de père ivoirien, celle qu'on appellera par la suite par son 2ème prénom, Aissatou, est issue d'un foyer modeste aux racines multiples gorgé de couleurs, ce qui lui apportera une vraie richesse culturelle et personnelle mais lui vaudra aussi des déceptions et beaucoup de questionnements sur son identité et ses origines.

 

Une des premières phrases qu'elle entend de sa grand-mère maternelle va sans aucun doute marquer la petite fille qu'elle était sans toutefois faire de son existence, ni de son livre, une complainte.

 

'' Parce que vous êtes noires, vous devrez faire plus d'efforts. Ce sera plus difficile pour vous...''

 

Même si Aissatou, future mannequin et actrice, comprend très vite tout le sens de cette phrase accablante, elle ne se laisse ni déborder ni abattre par ses mots et réussit à me faire sourire et parfois même rire en revenant sur des souvenirs pourtant douloureux...Et puis, finalement, on relativise quand on voit la chance qu'elle va avoir par la suite.

 

C'est vrai ça, qui pourrait se vanter -à part d'autres mannequins bien sûr- d'avoir visiter une multitude de pays avec sur les hanches les créations des plus grands couturiers de la ''French Touch'' comme Thierry Mugler, Paco Rabanne, Givenchy ou bien Yves St Laurent? Alors que plus jeune ''la grande tige du boulevard Bernabo'' se sentait invisible, gauche et peu féminine, on lui a vite fait comprendre qu'une tête de princesse nubienne sur un corps de cigogne, ça donne assez vite un top model.

 

Plus tard, pour son baptême du cinéma, la belle aura l'honneur d'avoir pour premier partenaire de jeu le jeune et charismatique Vincent Lindon dans'' L'Irrésolu '', long-métrage sorti en 1993 et réalisé par Jean-Pierre Ronssin. Entre nous, y'a sûrement pire comme débuts sur le grand écran.

                                                       

Mais Aissatou explique, au fil de son récit, qu'on ne peut pas juste la résumer et l'enfermer dans ces deux fonctions. Car elle se définit ainsi: ''je suis sirène et arbre''. Une manière de dire qu'elle est enfant de la nature et  qu'elle se sent surtout vivante près de l'océan, la joue posée sur l'écorce d'un de ces pilliers qui forgent les paysages. Aissatou est une femme vive, énergique, qui a soif de connaissances, de rencontres, de voyages, de découvertes. Elle qui a des amis dans les quatre coins du monde. Et qui ne comprend toujours pas comment elle a pu avoir autant d'opportunités pour réussir...

 

Même si, très tôt, elle se retrouve orpheline de mère, elle continue à être choyée par ses sœurs et ses grands-parents qui ne l'abandonneront jamais. Les épisodes difficiles de sa vie: l'absence de son père resté au pays, un court mais trop long passage à la Ddass, la maladie de son grand-père, son ''héros'' et la mort de son premier amour n'effaceront pas des moments plus gais. Comme sa rencontre éclair en 1980 avec Bob Marley lors d'une de ses tournées françaises, le mariage de sa sœur ainée ou encore sa vie new-yorkaise où elle apprend énormément du choc des cultures...

 

Et plus récemment, sa participation au téléfilm Tropiques amers (2007) qui lui permettra d'interpréter le rôle de Rosalie, une jeune chabine -terme antillais pour une femme noire à la peau très claire- petite cocotte d'un propriétaire de plantation. Un retour dans l'histoire qui va lui permettre de comprendre ce que son arrière arrière grand-mère maternelle originaire de la Martinique a vécu en tant qu'esclave avant d'être affranchie.

 

Voilà ce que j'ai retenu d'une autobiographie qui m'a été agréable à lire car pleine de poésie, de nostalgie, de fraicheur et de légèreté. Et parce que le parcours d'une femme noire dans des milieux aussi désadaptés que le mannequinat et le cinéma français, il fallait que je lise ça. Pour continuer à croire que ce qui paraît impossible ne l'est pas pour autant.


24/08/2012
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DON'T WORRY, BE HAPPY

 

 L'HOMME QUI VOULAIT ETRE HEUREUX - Laurent Gounelle  (2010)

 Éditions de La Loupe

 

                                    

 

 

Ces derniers mois, après m'être plongée dans des intrigues comme les deux premiers tomes de Millénium de Stieg Larsson ou encore Le K de Dino Buzzati, j'ai décidé de faire une halte sur mon Blog section ''Lectures'' pour vous parler du roman que je viens de terminer. Un livre-guide je dirai, très facile à lire (donc très accessible à tous) et surtout très agréable car l'histoire se déroule très loin de nos villes tumultueuses. Le rêve ultime quoi!

 

 

L'action:

Bali est une île paradisiaque indonésienne où l'on retrouve Julian, le héros, un enseignant occidental venu passer de paisibles et dépaysantes vacances pour échapper durant quelques temps à une existence stressante et sans grandes surprises. On découvre assez vite un lieu presque irréel où la population locale vit harmonieusement avec la nature, un lieu où il fait bon vivre (combinaison soleil-mer-beauté-découverte) et bien encore où les gens sont anormalement courtois, zen et plus habitués à vous dire oui que non...surtout si vous êtes un touriste, cela va de soit... Un endroit également présenté comme une porte ouverte sur la liberté, où la peur de la mort est quasi inexistante, ce qui donne une teinte bien particulière à la vie. Mais le récit est surtout celui d'une rencontre qui débouchera sur une nouvelle façon de penser...ou plutôt de ne pas penser...puis sur une révélation majeure pour le héros.

 

 

Cette oeuvre philosophique et humaniste pousse le lecteur à prendre, tout comme le fait Julian, une place plutôt agréable d'apprenti. Le monde occidental incarné par un touriste pas malheureux mais pas très heureux non plus (un peu comme la plupart d'entre nous non?!) tente de comprendre son mal être en allant à la rencontre du monde oriental à travers un vieux guérisseur reconnu mondialement.  Comment tirer partie de nos vies de façon positive et durable, avec notre histoire propre, nos cicatrices, nos ''blessures de guerre'' et nos traumatismes ? Comment ne pas se laisser polluer l'esprit par les évènements qui ne dépendent pas de nous ? Ou comment les digérer sans que cela nous coûte trop d'énergie? Celui qui va tenter de nous transmettre son savoir tout en remettant en question nos croyances et nos plus profonds ancrages est un vieux balinais installé dans une cabane au milieu de la forêt, à quelques kilomètres de la ville... Oui, une sorte de Maître Yoda en quelque sorte!

 


 


 

Extrait du Chapitre 1/


 

"Je ne voulais pas quitter Bali sans l’avoir rencontré. Je ne sais pas pourquoi. Je n’étais pas malade ; j’ai même toujours été en excellente santé. Je m’étais renseigné sur ses honoraires car, mon séjour touchant à sa fin, mon portefeuille était quasiment vide. Je n’osais même plus consulter mon compte en banque à distance. Les gens qui le connaissaient m’avaient répondu : « Tu donnes ce que tu veux, tu le lui glisses dans une petite boîte posée sur l’étagère. » Bon, cela m’avait rassuré, même si j’angoissais un peu à l’idée de laisser un tout petit billet à quelqu’un qui avait, disait-on, soigné le Premier ministre du Japon.

 

[...]

 

Ce fut difficile de trouver sa maison, perdue dans un petit village à quelques kilomètres d’Ubud, au centre de l’île. Je ne sais pas pourquoi, dans ce pays, il n’y a pratiquement pas de panneaux indicateurs. Lire une carte, c’est possible quand on a des points de repère, sinon c’est aussi inutile qu’un téléphone portable dans une zone où l’on ne capte pas. Restait, bien sûr, la solution de facilité : demander à des passants. J’ai beau être un homme, cela ne m’a jamais posé de problème. Il me semble parfois que la plupart des hommes auraient l’impression de perdre leur virilité s’ils devaient s’abaisser à ça. Ils préfèrent se murer dans un silence signifiant « Je sais », feignent de se repérer, jusqu’à ce qu’ils soient complètement perdus et que leur femme leur dise : « Je t’avais bien dit qu’on aurait dû demander. 

 

 

L’ennui, à Bali, c’est que les gens sont si gentils qu’ils disent toujours oui. Vraiment. Si vous dites à une fille « Je vous trouve très jolie », elle vous regardera avec un beau sourire et vous répondra : « Oui. » Et quand vous demandez votre chemin, ils sont tellement désireux de vous aider qu’il leur est insupportable de vous avouer qu’ils n’en sont pas capables. Alors, ils vous indiquent une direction, sans doute au hasard. J’étais donc un peu énervé lorsque je me suis retrouvé devant l’entrée du jardin. ''

 

 

 


 

Pour moi, ce qui marche sans problème dans ce roman, c'est la facilité à rentrer dans l'histoire, à se laisser embarquer pour écouter un bout d'homme déconstruire nos modes de pensée habituels. C'est une cure de jouvence que l'auteur nous offre grâce à un personnage simple et apaisant. Ce qui me fait penser que ce qu'on appelle la jeunesse n'appartient pas entièrement aux jeunes, tout comme le vieillissement n'est pas juste le fait des vieilles personnes. Grâce à l'apprentissage de ce Maître Yoda oriental (!!!), j'ai même cru ressentir quelques coups de baguettes en bambou sur mes petits doigts comme pour me dire ''Non-non-non Sophie, apprends à voir autre chose que le côté obscur de la force !''.

 

 

Ce que nous croyons avec force conviction a tendance à devenir la réalité.

Nous construisons nous même notre réalité, notre vérité et donc nos moments de bonheur. Bien sûr, en prenons en compte certains facteurs formels comme le contexte géographique, social ou même notre condition physique, nous construisons des vies, nos vies, qui ne sont pas parfaites mais que nous pouvons rendre encore un poil plus agréables. Mais là où le bât blesse selon moi, c'est que cet exercice est d'autant plus difficile quand on baigne dans une société si...cannibale!! Dans ce roman, tout à l'air plus facile, plus fluide, plus...possible, de Bali. J'imagine donc une autre histoire: et si le professeur venait nous rendre visite ici, en France par exemple, ou mieux, en Grèce ghhhrrr, ce serait intéressant. Il verrait surement que la vie peut être très cruelle pour certains et que la force de nos pensées ne suffit pas toujours selon moi à nous faire voir la vie différemment. Un climat social, une situation précaire, des factures à payer, le manque de soleil et de nature...ça f**** réellement le cafard. C'est pas une invention même si je crois pas mal à la PNL (Programmation neuro-linguistique utilisé pour le développement personnel) http://www.pnl.fr/monde.html

 

 

Tout ça pour vous dire que je conseille vivement ce livre qui m'a fait beaucoup de bien...sur le moment. Avant de recevoir ma facture EDF de 237 euros...et que Paris ne soit la cible d'un terrible nuage gorgé d'eau...au mois de juin!

 

 


07/06/2012
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LES MAINS DU MIRACLE de JOSEPH KESSEL (1960)

Si vous avez lu le post dans lequel je me présente, je vous disais que je travaillais comme hôtesse dans une boîte d'édition. Eh bien un des avantages à travailler là, c'est d'avoir un accès libre à la bibliothèque. Et je peux vous dire que, n'ayant pas eu la chance d'en posséder une quand j'étais petite, je suis comme une gosse devant n'importe quelle étagère remplie de bouquins.     

                                                         

 

Je voulais donc partager avec vous mes impressions sur ma dernière trouvaille: Les mains du miracle, écrit par le journaliste et romancier Joseph Kessel (1878-1979). Le nom de cet homme vous est peut-être inconnu.

 

Il l'aurait également été pour moi si je n'avais pas eu l'occasion d'analyser à la fac l'Armée des Ombres (1969). Un des films les plus engagés du réalisateur français Jean-Pierre Melville et justement adapté d'un des livres de Kessel: Charlot (1932). J'avais adoré le film sans lire le livre, et là le fait de pouvoir enfin découvrir l'auteur de Belle de jour ou La Passante du Sans-souci et bien encore co-auteur du célèbre ''Chant des Partisans'' (Hymne de la Résistance française sous l'Occupation allemende durant la 2nde guerre mondiale) était un plaisir pour moi. Curiosité oblige...

 

                                                   

Les mains du miracle, c'est donc la biographie romancée de Félix Kersten devenu le médecin personnel d'Heinrich Himmler. Ogre des temps modernes et bras droit du chancelier Adolf Hitler. Cet incroyable récit renferme l'histoire authentique mais aussi très étrange de l'homme peu commun qu'était cet homme d'origine hollandaise. De son rôle dans la vie intime puis politique du sous-chef tortueux qui le considérait comme son ''Bouddha magique qui guérit tout par des massages''.

 

                                                 

 

Pour commencer, j'ai découvert qu'Himmler, Ministre de l'intérieur du IIIème Reich était en fait un petit homme au corps rabougri qui souffrait de douleurs intolérables et paralysantes à l'estomac -le ''mal'' le rongeait faut croire!!. Désirant plus que tout obtenir la confiance totale de son supérieur en menant à terme sa pitoyable ''mission'' de germanisation du monde, il avait recours à de longues séances de massages prodiguées par Kersten . 

 

Jusque là, je vous entends vous dire ''Il avait très mal? Très très très très mal? Oooooh...Ben...c'est bien fait pour sa gueule!''mais le livre bien sûr ne nous emmène pas de ce côté-là.

 

Le livre nous raconte surtout comment le Dr Kersten est devenu bien malgré lui -un flingue sur la tempe- celui qui arrivait à soulager l'impitoyable bourreau de son mal grâce à ses dons magnétiques. Ce qui le mènera à observer et bien encore profiter de l'influence et du pouvoir qu'il avait sur l'homme politique. Le suspense tient donc au fait qu'entre 1940 et 1945, c'est ''seul, désarmé, à demi captif [...]'' mais très habile de ses mains que Kersten saura faire preuve de ruse et de dévouement pour pousser Himmler à désobéir à son mentor et faire libérer de nombreux prisonniers des camps de concentration nazis. Le point faible d'Himmler était donc son physique, sa souffrance face à ses douleurs. Douleurs qui le mèneront  rapidement à accorder de nombreux avantages et privilèges à son médecin, censé être de loin son plus grand allié.

 

Grâce au travail de Joseph Kessel - qui se veut précis car il s'agit de compléter des données manquantes -  on comprend mieux les rouages internes du IIIè Reich et on est invité à rentrer dans l'intimité d'un de ses décisionnaires. Passionnant!

 

Comment ne pas se délecter de ces moments où Himmler, en proie à de graves souffrances stomacales oubliait son statut de Reichfuhrer pour redevenir un ''homme'', le temps de séances salvatrices. Face au docteur potelé qui ne lui a jamais caché son apolitisme et ses craintes face aux projets sanguinaires de cette nouvelle Allemagne, Himmler était alors capable des meilleures dispositions et décisions, rentrant en conflit direct avec ceux qui doutaient de l'honnêteté de son Dr Miracle. Un Pari très risqué pour Kersten qui prit la décision de devenir espion pour le compte des Finlandais et des Suédois et qui fut menacé de mort par la garde rapprochée d'Hitler. Son objectif était de faire légitimer par Himmler ses nombreux actes de trahison. Himmler qui doutait de tout et de tous semblait, comme hypnotisé, vouloir ignorer l'évidence même et élever son médecin au rang de dieu. C'était alors son ''Bouddha''.   


15/12/2011
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Article sans titre

BIOGRAPHIE non officielle de MEL GIBSON - Wensley Clarkson (1994)

 

 

                                                                                                                             

 

Ben ouais, l'acteur Mel Gibson c'était plutôt une intrigue pour moi, une intrigue très sexy faut le dire, mais une intrigue quand même, surtout après avoir visionné son film ''La Passion du Christ'', oeuvre controversée qui lui a rapporté des millions de dollars grâce à la polémique autour d'une vision assez personnelle de l'histoire (on touche pas à la Bible comme ça, enfin Mel!) . Il a joué pas mal de rôles, pas toujours supers je vous l'accorde, même si c'est un bon acteur, et il a réalisé de jolies perles donc je me devais d'en savoir un peu plus sur lui. Eh bien c'est chose faîte!!

 

Petite mise en bouche!!?

 

Vous vous souvenez sûrement des 3 volets de Mad Max, ce Western futuriste et violent de George Miller et Byron Kennedy (de 1981-à 1985) qui a relancé le cinéma australien ou encore des 4 volets de L'Arme Fatale réalisé par Richard Donner (de 1987 à 1998) et dans lesquels il forme un duo de choc avec Danny Glover...

 

Eh bien Mel Gibson n'a pas fait que ça, ce serait le limiter de ne pas citer ses autres projets. Venant principalement du théâtre, Mel Gibson a également interprété le héros shakespearien Hamlet (Franco Zeffirelli) avant de couper des têtes en incarnant le fier guerrier écossais William Wallace dans Braveheart (réalisé par lui-même) ou encore dernièrement le ventriloque Walter  dans Le Complexe du Castor (Jodie Foster). Parce que jouer les flics suicidaires et casse-cou durant deux bonnes décennies, ça a dû le fatiguer le Mel, on peut le croire! Puis comme beaucoup d'acteur, sans doute une envie pressante de diversifier un peu son jeu.

 

 

Pour sa filmographie complète, c'est ici: 

http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=2098.html

 

 

Je vous avouerai que mon choix s'oriente vers cet acteur américano-australien sans doute parce qu'en tant que femme, y faut avouer que dans l'Arme Fatale, c'est un sacré mec. Il a cette manière de foncer tête baissée vers tout danger imminent, un charme et un humour à tomber et ce sourire si renversant... Dans les années 80-90, dire à un homme qu'il portait un jean ''à la Mel Gibson'' c'était un sacré compliment! Enfin, tout ça pour vous avouer (non sans gêne) que j'ai été poussée par mes hormones dans un premier temps...pour finalement découvrir des trucs assez intéressants sur lui.

 

Comme le fait que le personnage du Sergent Martin Riggs qu'il incarnera à 4 reprises dans L'Arme Fatale n'était pas si éloigné de lui. J'explique. Mel Gibson n'a pas incarné Riggs par hasard, il se trouve qu'à cette époque de sa vie, il était lui-même un écorché vif, pas mal porté sur la bouteille et cultivant un culte pour la clope. Peut-être pas si suicidaire que son personnage mais un brin  ''borderline'' quand même - pas mal torturé quoi...comme tout artiste qui se respecte ;-))! Alors forcément son jeu est impecc' même si le style capillaire appelé ''nuque longue'' a salement vieilli depuis. 

 

 

Mais trève de plaisanterie sérieuse!! Ce qui m'a intéressé dans ce rôle c'est bien entendu le fait que ce flic est désespéré et pas du tout  fiable pour rendre des comptes à qui que ce soit. Indépendant, carrément inconscient et tellement triste  ou plutôt au bord du gouffre, il ne lui reste pas grand chose à part son flingue et son insigne depuis la mort de son épouse. C'est vrai, le héros du cinéma américain a toujours eu ce type de profil du ''rien-à-foutre-rien-à-perdre'' (S.Stallone dans les Rambo, Bruce Willis dans les Die Hard...), donc rien de nouveau. Mais là, ce héros, il va bientôt se rendre compte que sans les autres (collègues, amours, enfant), il est pas grand chose. De solitaire, il devient plus sociable grâce à un homme qui est son opposé et qui va lui donner des leçons personnelles de savoir-vivre en communauté.

 

 

En parlant de son opposé, le sergent Roger Murtaugh, dont la phrase serait plutôt ''j'm'en fous de pas sauver la planète, j'attends ma retraite avec impatience, moi!'', j'ai beaucoup moins aimé le déséquilibre dans le traitement des deux personnages. La production et la réalisation a ouvertement misé sur le rôle de Riggs, délaissant un peu trop le personnage de Murtaugh (le tout aussi génial Danny Glover), constamment ridiculisé par ses collègues (le summum, c'est sans aucun doute la scène des toilettes dans le... 3ème volet je crois - une course contre la montre assez humiliante) et limité par son côté un peu trop prudent voire rigide. Heureusement, là où ils redorent son blason, c'est en montrant que sa force est sa famille et que celle ci va devenir celle de son collègue, ce qui nous montre que Riggs a beau être un ''héros'', sans l'amitié et l'amour de ces gens, il peut aller se recoucher avec son chien et sa bouteille de Jack Daniel's. Murtaugh va le faire grandir et l'accepter (non sans mal) tel qu'il est, avec beaucoup de générosité à la table familiale. Sans doute que le moment le plus émouvant  de ces 4 films est celui où Martin Riggs confie à son ami que les 3 enfants de ce dernier sont comme ses enfants à lui, que ses problèmes sont aussi les siens et que quand Murtaugh pense à prendre sa retraite, eh bien Riggs se retire aussi. C'est un duo qui grandit devant nos yeux et ce, malgré leurs grandes différences; j'ai aimé regarder évoluer cette amitié forte et constructive malgré les énormités propres au cinéma mainstream américain. On ne change pas le cinéma hollywoodien, on fait avec et on garde le meilleur.   

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06/01/2012
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