VALSE AVEC MON CINEMA

"KIFFE KIFFE DEMAIN" DE FAIZA GUENE (2004)

Après une longue période d'absence pour cause de projets personnels en parallèle, je reviens vous parler d'un livre, acheté 2 euros dans un bac de supermarché (on peut y trouver des merveilles malgré une chute des ventes significative), qui m'a fait sourire - c'est déjà bien - et même plus, rire - c'est bien mieux encore. Car c'est bien connu, le prix ne fait en rien la qualité d'une oeuvre. La preuve...

 

"Kiffe kiffe demain" est le premier roman de son auteure, âgée de 19 ans à l'époque. Un premier essai (semi-autobiographique?) plein d'humour et rempli de phrasés coupés-décalés et assez justes. Sans doute parce que les mots sont ceux de Doria, une adolescente de 15 ans, vive mais renfermée, fraîche mais frustrée par une vie pas très kiffante au sein de sa banlieue.

 

Dans une petite cité de Livry-Gargan (dans le 9-3 bébé !), Doria vit seule avec Yasmina, sa mère qui, pour s'en sortir, fait des ménages et surtout se fait exploiter par un patron peu scrupuleux. Inutile de préciser que la vie de ces deux femmes n'est pas facile, marquée par l'absence d'un mari-père "le barbu" reparti au bled épouser une jeunette plus féconde que son épouse dans l'espoir d'engendrer un fils qui sauverait son honneur.

 

Au lycée, Doria voit Mme Burlaud, une psychologue vieille, moche et qui "sent le parapoux", afin de lui faire part de son quotidien et de ses états d'âme. Sauf que Doria, elle refuse d'accepter l'aide d'adultes qui ont l'air d'avoir plus de problèmes qu'elle. Elle y va parce que c'est "remboursé par la sécu" et que ça contente ses profs. Entretemps, sa vie scolaire plutôt pas satisfaisante lui donne envie de voir le bonheur ailleurs et de vivre au jour le jour sans trop croire en l'avenir. Quand il pleut à petites gouttes, Doria pense que c'est Dieu qui lui crache  dessus alors la religion hein...Mais Doria a tout de même quelque chose qui lui fait battre le coeur un peu plus vite, c'est Hamoudi, un très beau fumeur de hasch du quartier qui se confie à elle et avec qui elle a l'impression d'être quelqu'un. Lui aussi tente de fuir les clichés et d'échapper à une existence où l'herbe n'est pas très verte.

 

Alors c'est vrai, jusque là, on pourrait se dire que ce récit n'est qu'une histoire d'adolescente boutonneuse qui se pose les questions que ma génération - trentenaires bien tassés - se posait en 1995; eh bien oui, c'est exactement ça, sauf que cette fille-là, elle aurait pu s'appeler Daria (oui la cynique drôle de la série d'animation des 90's-2000's). Et Daria est un peu mon homologue dessinée si je dois en croire mes amies. Alors Doria et moi on est devenues amies dès la 2ème page du livre. Son langage fleuri et plutôt riche - c'est pas l'ado lol 2.0 hein!! - est une vraie bouffée d'air frais littéraire. Bien sûr je n'irai pas me friter avec Mme Natacha Polomachin, critique mémère et chiante qui apporte ses services pas très nécessaires sur une célèbre chaîne privée, pour démontrer les subtilités de l'oeuvre et son rôle d'utilité publique. Mais le prix Goncourt me donne de l'urticaire, pour moi, rien ne vaut le récit d'une vie (même inventée), et je me pose en réelle fan de biographies et d'auto-biographies (surtout celles des acteurs et réalisateurs).

 

Alors je kiffe ce premier travail qui a laissé place à d'autres livres: "Un homme ça ne pleure pas", "Les gens du Balto"...et j'envie presque la créativité de langage de son auteure qui vise juste, sans être cruelle ni prétentieuse. Qui s'amuse avec ses mots des maux adolescents et qui donne envie d'apprécier la vie...en fait!

 

Ceci ne concerne que moi mais j'espère que vous aurez l'occasion de lire ce roman, sachant que ces qualités plus techniques sont qu'il est accessible, rapide à l'air et...pas cher!



26/03/2015
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