VALSE AVEC MON CINEMA

TOP 10 DE MES FILMS PREFERES


ALL OR NOTHING de MIKE LEIGH (2002)

Comédie dramatique - Grande-Bretagne - Durée: 127 minutes

Distribution: Timothy Spall, Lesley Manville, Alison Garland, James Corden, Ruth Sheen, Marion Bailey, Sally Hawkins, Helen Corker...

 

 

Le temps me manque cruellement...Et le cinéma continue à dévoiler généreusement ses beaux tissus que Mike Leigh, un de ses plus fidèles drapiers, nous invite à dérouler et admirer avec attention. Pièces dans le fond d'un grenier mal éclairé, que l'on n'aurait pas vu. Pièces qui, d'apparence, ne semblent être ni de velours ni d'organza mais plutôt de ces étoffes, un peu rigides, et dans lesquelles on tenterait de se sentir bien sans vraiment y parvenir. 

 

All or Nothing sans être du poil à gratter est une oeuvre qui irrite la peau mais dans le seul but de faire ressortir ce grain si fin et si fragile cachée en dessous...bien en-dessous.

  

Mike Leigh, réalisateur britannique considéré depuis la sortie de Naked (1993) - qui marquera son grand retour au cinéma - comme un des meilleurs avocats à la barre de la classe ouvrière anglaise plaide ici la légitime défense. Démontrant avec grande habileté que les vrais gens ont d'abord pour principal projet de s'en sortir et de joindre les deux bouts avant de se réjouir des festivités à l'approche du jubilé royal.

 

A l'aide d'une plume acérée et d'une encre qui tâche, l'électron libre qu'est Leigh laisse des traces sur le papier et la spectatrice que je suis tente de se souvenir ce qu'elle a vu d'écrit...

 

TOPO:

 

Phil et Penny sont pris entre routine et déprime coincés dans leur boulot respectif et happés par leur train-train quotidien.

 

Lui est chauffeur de taxi employé au rabais dans une petite société, elle est caissière dans un supermarché des environs. Pendant que leur fils Rory, plombé par une obésité envahissante et par une trop grande allergie au travail reste à égale distance de la télé et du canapé familial, Rachel, leur fille, fait des ménages dans une maison de retraite. 

   

 

Entre ses heures interminables à transporter des personnages plus fêlés que dangereux et à attendre les fades dîners familiaux, Phil, dont la bonhomie et la grande nonchalance pourront toucher comme irriter, fait les fonds de tiroir pour payer la location de sa voiture de fonction.

 

 

 

De son côté, Penny, irritée par une vie sans feux d'artifices, par l'agressivité grandissante de son fils et par l'absence d'autorité de son compagnon tente de trouver un peu de chaleur auprès de ses deux amies: Maureen et Carol. 

 

Au coeur d'un folklorique voisinage, on peut donc faire la connaissance de ses deux femmes. Maureen, femme célibataire positive et débrouillarde dont la fille, Donna, mal maquée à un copain violent ou encore de l'indécise et provocante Samantha (dont le style très "Amy Winehousien" m'a troublée) désespérée par Carol (l'autre amie de Penny) et Ron, ses parents alcooliques et largués. 

 

Et tout ce petit monde se croise, se brouille, se toise mais se soutient aussi dans la pénibilité de la vie. Là où une forme de fatalité semble guetter chacun des personnages, plombés par la grisaille et par des relations humaines complexes.

 

A travers ces tableaux, Mike Leigh ne bichonne personne. Plaçant de lourdes enclumes sur les frêles mollets de ses protagonistes qui ne peuvent nous laisser indifférents face à leur désarroi. Pas le choix que de les regarder se dépatouiller comme ils peuvent.

 

Quant l'argent manque, que l'amour ne fait plus vraiment partie du cadre et que l'alcool et la malbouffe sont les béquilles d'une société anglaise désabusée, Leigh provoque un autre cataclysme dans la vie de Phil et Penny...

 

Et tout est sur le point de s'effondrer pour finalement pousser les membres de leur famille à essayer de repartir sur des bases plus saines et plus solides. 

 

 

C'est bien face aux rudes épreuves de la vie que chacun tend à montrer sa face la plus fragile et la plus humaine. Parfois...Que l'amour peut revenir par touches éparses grâce à un regard, une grimace, un acte manqué. Que cette folie et cette fantaisie qui nous prennent et promettent parfois de casser la routine d'un quotidien morose peuvent alléger un fardeau présent depuis bien trop longtemps.

 

Ce film d'apparence bien sombre est l'histoire d'un amour fragile retrouvé et surtout l'histoire de la vie. Il est triste mais optimiste, décalé et surprenant, énervant et oppressant et restera un très bon souvenir de cinéma british pour moi.

 


29/08/2013
0 Poster un commentaire

L'EXORCISTE - WILLIAM FRIEDKIN (1973)

États-Unis - Durée: 125 minutes (Version intégrale)

Adaptation du livre ''The Exorcist'' de William P. Blatty basé sur une histoire vraie et sorti en 1971.

 

Distribution: Ellen Burstyn, Linda Blair, Max Von Sydow, Lee J.Cobb, Jason Miller, Kitty Winn, Jack Mc Gowan, Révérend Thomas Bermingham...

 

Si le cinéma de ce nouveau millénaire nous propose de plus en plus d'oeuvres où le sang doit absolument jaillir de corps meurtris, torturés, tronçonnés, démembrés, 1973 était l'année de sortie d'un film novateur en la matière, à la fois minimaliste dans sa réalisation et brillant d'un point de vue effets spéciaux.

 

Un film qui s'inscrit dans une période cinématographique américaine bien particulière. Celle du changement: Le Nouvel Hollywood. Ou la fin du règne des producteurs au profit de metteurs en scène plus présents et plus déterminés que jamais. Quelques noms: George Lucas, Steven Spielberg, Michael Cimino, Martin Scorsese, Milos Forman, Brian De Palma, Hal Ashby, Dennis Hopper, Francis Ford Coppola...et j'en passe.

 

Quand William Friedkin, fraîchement oscarisé pour son premier long-métrage French Connection (1971) accepte de réaliser ce film de commande ''soi-disant'' basé sur des faits réels relatés dans le livre éponyme de William Peter Blatty (scénariste et producteur de l'adaptation), il ignore encore que son œuvre deviendra un véritable phénomène mondial et un classique du genre.


L'HISTOIRE:

 

Chris Mc Neil (Ellen Burstyn), actrice adulée séparée pour un temps de son époux, élève sa fille Reagan (Linda Blair) à Georgetown, un quartier de Washington D.C. Mère et fille mènent alors une vie paisible et sans gros nuage jusqu'au jour où Reagan, peu après avoir manipulé une vieille tablette Ouija* commence à se comporter de façon bien étrange. Alors prise de violents spasmes et de sautes d'humeur incompréhensibles de tous.

 

Après l'incident notable où la jeune fille, pourtant alitée depuis plusieurs jours, rejoint sa mère et quelques invités pour menacer l'un d'entre eux avant d'uriner sur la moquette du salon, Chris décide sérieusement de la faire examiner. Selon le diagnostic déroutant mais peu affolant des médecins, il s'agit là de troubles nerveux assez rares dus à la prépuberté de la fillette d'ordinaire douce et agréable. Cependant, le comportement de Reagan ne fait qu'empirer de jour en jour. Son visage de jeune fille laisse alors place à une figure de plus en plus hideuse aux rictus terrifiants.

 

Chris, après avoir compris que la science ne pouvait plus grand chose pour sa fille mais également après le meurtre inexpliqué de son ami Burke (Jack Mc Gowan) finit par se tourner vers l'Eglise. Bilan: Reagan serait possédée par une entité démoniaque. Avec l'aide de deux prêtres exorciseurs (William O'Malley et Max Von Sydow) le pénible et long combat de Chris pour retrouver sa fille commence...

 

 

La portée documentaire et l'aspect réaliste de certaines scènes du film combinés à de véritables prouesses techniques inscrivent cette oeuvre dans une démarche typique des années 70. Période chérie pour les auteurs où chacun pouvait laisser libre cours à sa personnalité, à ses envies et à ses ambitions ...si grandes soient-elles. Ici, la motivation de William Friedkin n'était pas seulement d'adapter une oeuvre mais davantage de faire un meilleur film que son homologue et ami, Francis Ford Coppola.

 

Si l'Exorciste de William P. Blatty permettait une grande liberté d'imagination aux lecteurs, ce difficile projet d'adaptation demandait à ses commandes quelqu'un d'affirmé et de téméraire. Car à cette période, les effets spéciaux nécessaires aux transformations de la jeune héroine (lévitations, possession, esprits frappeurs...) semblaient pour beaucoup impossibles à réaliser car bien au-delà de ce que les studios (ici, la Warner Bros) étaient capables de faire.

 

 

friedkin-exorcist.jpg

  William Friedkin sur le tournage de son film maudit

 

 

Reste qu'en réalité, le plus difficile dans l'histoire de ce film n'était pas d'innover mais bel et bien de contrôler le monstre Friedkin dont le surnom était "Willy le cinglé'' ou "Willy The freak" pour les anglophones. L'auteur, caractériel, odieux, imprévisible mais doué et sûr de lui était d'un sadisme qui semblait le pousser à saborder son propre tournage et à virer les gens avant de les réhabiliter pour mieux les terroriser. Dans les annales du Making-of citées dans l'ouvrage "Le Nouvel Hollywood" de Peter Biskind, un technicien rapporte: << C'est le seul type que je connaisse qui serre la main à quelqu'un, le sourire aux lèvres et plein d'enthousiasme, et qui dans la seconde qui suit dit: '' Foutez-moi ce type dehors." >> William Friedkin se voyait plus doué pour la réalisation que pour soutenir son équipe comme il l'avouera lui-même: "Je préfère travailler avec trois piquets qu'avec des acteurs".

 

Ne se gênant pas pour gifler William O'Malley, véritable prêtre jésuite devenu acteur pour l'occasion parce qu'il échouait à donner l'effet voulu lors d'une absolution, tirant en l'air avec une arme chargée à blanc pour provoquer chez les autres peurs et surprises; ou encore exploitant la douleur de l'actrice Ellen Burstyn (Chris).

 

Pour l'exemple, cette scène où Reagan qui s'enfonce un crucifix entre les cuisses doit projeter sa mère contre un mur. Le harnais prévu pour la sécurité d'Ellen Burstyn lors de la cascade était géré par un technicien auquel Friedkin donna l'ordre de tendre le dispositif au maximum. L'actrice retombant lourdement et violemment sur son coccyx, hurla de douleur, mais voilà le résultat que recherchait "Crazy Willy": un réalisme jusqu'au boutiste...

 

Autre tragédie pour le moins déroutante, neuf personnes auraient également trouvés la mort pendant la période du tournage (dont Jack Mc Gowran qui interprétait Blake Dennings...) de façon directe ou indirecte.

 

Autant d'éléments perturbateurs qui participèrent davantage à la dimension horrible de ce film. Voilà ce que j'adore. C'est autant ce qu'il nous raconte que l'ambiance dans laquelle tout fut réalisé. J'ai toujours aimé connaître l'envers du décor pour les films que j'analyse. Un moyen pour moi de dédramatiser (savoir que le sang des films d'horreur serait un sirop parfumé) ou de dé-déifier un univers où tout semble parfait tellement le produit fini nous plaît. Minute les papillons...un film peut en cacher bien d'autres. Tout n'est pas d'or!

 

L'Exorciste est donc un film à l'impact incroyable. Lors de sa tonitruante sortie en salles, tout le monde semblait vouloir participer au cauchemar 70's.

 

Dommages collatéraux et troublants. Ceux qui y parvenaient étaient bien souvent pris de crises d'hystéries, s'évanouissaient, criaient, souvent vomissaient et surtout peinaient ensuite à s'endormir dans leur confortable petite maison. De la litière était saupoudrée par les exploitants entre les rangées avant les projections pour prévenir tout rejet et des ambulances étaient parquées à l'avance pour évacuer les plus touchés. Suite à toute cette agitation, l’église reçut une multitude de lettres qui confiaient la peur de certaines personnes qui se sentaient possédées ou à défaut, soupçonnaient leurs proches d'être aux prises avec le malin. Et un grand nombre d'entre eux, croyant ou non, cherchait à se laver de leurs péchés en retournant se confesser.

 

La puberté féminine, fruit d'une peur et d'une crainte des hommes du film, était le thème prépondérant avec au centre ce manichéisme propre aux américains qui démontrait comment le Bien et le Mal cohabitaient. Soit très difficilement. Et Satan n'était plus juste un démon maléfique, il prenait la place du père de Reagan et celle du mari absent de Chris. Le sang pré-menstruel semblait souiller les sièges et les murs de l'Amérique. Mais ici, c'est bel et bien le réalisateur Friedkin qui semblait être le diable en personne.

 

Pour en savoir plus, allez consulter cet article très intéressant ici:

http://www.gameblog.fr/blogs/noiraude/p_77794_tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-l-exorciste-


18/11/2012
0 Poster un commentaire

THE GOOD, THE BAD AND THE UGLY - Sergio Leone (1966)

LE BON, LA BRUTE et LE TRUAND

Western spaghetti - Durée: environ 2h40 - Italie/Espagne

Casting: Eli Wallach (Tuco le truand), Lee van Cleef (Setenza la brute), Clint Eastwood (Blondin le bon, enfin...à vous de juger)

 

                                       Le bon (au centre), la brute (à droite) et le truand (à gauche)

 

 

Tout d'abord, le Western est un genre qui ne m'a jamais vraiment captivée. Je pense que le coté crasseux, désertique, la démarche arquée de John Wayne et les fayots comme festin ne m'ont que très rarement donné envie d'un retour en images sur cette (sanglante) histoire américaine. Si ce n'est certains paysages à couper le souffle. Si à la fac j'ai pu découvrir un ou deux films de celui qui a révolutionné ce style, le vieux John Ford comme "La Chevauchée fantastique" ou "L'homme qui tua Liberty Valance", je ne me suis pas passionnée pour autant.

 

Mais poussée en ce moment par mon envie de voir ou revoir certains classiques, j'ai cru bon de me lancer à l'assaut des premiers Léone - westerns italiens et 3ème génération dits spaghetti - à commencer par ''Le bon, la brute et le truand'' (suite de "Et pour quelques dollars de plus") et je ne regrette pas. C'est ''al dente''. 


Durant la guerre de Sécession qui oppose les sudistes et les nordistes, trois hommes aux méthodes peu conventionnelles sont amenés à faire route commune et à rassembler leur force pour mettre le grappin sur une petite fortune en or enterrée dans la pampa des environs. Pour y arriver, tous les remèdes sont bons. Crapuleries, chantages, tortures, multiples flinguages et autres douceurs de l'Ouest. Au final, le butin tant recherché va t-il suffire à rassasier l'appétit de ces trois ours gourmands et mal léchés?

 

Le film de S.Leone démontre avec brio qu'humour, anti-héroisme et visages burinés par un climat très sec plutôt hostile créent une nouvelle variante du western. Si jusque là, John Ford avait réussi à rendre compte des paysages mythiques de l'Amérique historique avec beaucoup de classe (nous ne parlerons pas ici de sa représentation des peuples indiens, évitons toute tension!!), Leone nous livre une version plus brutale mais aussi plus authentique de ce qui, selon lui, fut l'Amérique.

 

Le coté "crado-fayots" est plus que jamais présent - bon faut que j'm'y fasse c'était ça l'Amérique des pionniers! - mais les gros plans-regards, le Cinémascope, les champs-contrechamps pleins de tension, les dialogues incisifs et bien plus encore, le charme irrésistible de nos trois compères m'ont fait oublier la poussière et les haricots secs. Si Eastwood-le-bon est devenu l'acteur que l'on connait grâce à Leone, c'est pour moi Elli Wallach (le truand) qui reste de loin le plus gratiné et le plus irrésistible des trois. Quant à Lee Van Cleef (la brute), il est savoureux mais détestable dans son rôle de tueur sans pitié (buter un môme, frapper une femme, torturer d'anciens compagnons - ça, pas de problème!).

 

 

 

Sans doute sponsorisés par Samuel Colt et Jack Daniel's, le film et ses anti- héros montrent que toutes les justices sont molles. Si tu galères, que tu ne veux pas rentrer dans les ordres et que tu es malin... braques, pilles, voles et surtout, mens. Mens à volonté et mens jusqu'au bout...sur un malentendu, ça peut encore bien se finir...

 

Quant à la religion, originelle et salvatrice pour la nation américaine et qui en impose aussi très puissamment en Italie, elle est ici incarnée par le frère de Tuco. Leone permet à Tuco de s'essuyer les bottines dessus et nous montre une forme de rejet sans ménagement. La dispute des deux frères au sein du monastère, le signe de croix très créatif de Tuco ainsi que la mission finale des trois fossoyeurs de tombe donnent le ton. Certains deviennent prêtres et planqués, les autres seront de "courageux bandits"...ainsi va la vie! Amen!

 

 

Un autre élément bien présent et incontournable dans l'intrigue de cette œuvre: la célèbre musique du compositeur Ennio Morricone. Ce genre d'air que personne ne peut oublier et qui a été repris dans certains films et autres parodies. "Tanananana wa wa wa....".

 

La riche collaboration des deux italiens déjà à l’œuvre sur "Pour une poignée de dollars" se prolongera sur 3 autres films de renom: "Il était une fois dans l'Ouest", "Il était une fois la révolution" et enfin "Il était une fois en Amérique". Ce dernier opus sorti en 1984 nous propose de trainer et traficoter dans les rues bondées du ghetto juif new-yorkais d'antan et clôture une histoire américaine prenante, complexe et violente. Comme à son habitude. 

 

Pour les autres films de Leone, je m'empresse de les voir pour vous donner mes impressions. ASAP.                                                             


15/04/2013
2 Poster un commentaire

ALIEN, LE HUITIEME PASSAGER de Ridley Scott (1979)

Usa/Grande-Bretagne - Durée: 115 minutes

Film de Commande de la 20th Century Fox

 

Distribution: Sigourney Weaver (Lt Ellen Riplay), Veronica Cartwright (Lambert), Tom Skeritt (Dallas), Yaphet Kotto (Parker), John Hurt (Kane), Ian Holm (Ash), Harry Dean Stanton (Brett), Voix de Maman (Helen Horton) + le chat (Johns)

 

 


                      Ellen Ripley (Sigourney Weaver) face à une créature d'un genre bien bien nouveau

 

 

Après tout ce temps consacré à mes autres rubriques, il était temps pour moi de revenir à mes premières amours: le Top 10 de mes films préférés.

 

Je vais donc vous parler du chef d'oeuvre Alien, le Huitième passager, second film du réalisateur Ridley Scott et, de loin, l'une des meilleures oeuvres cinématographiques combinant horreur et Science fiction. Ce qu'on appelle un Classique!

 

Depuis des années, je regarde Alien sans jamais me lasser. Toujours à la recherche d'un bras ou d'une jambe arrachés qui auraient échappé à mon attention..., d'une réaction de l'équipage que je n'aurai pas comprise ou d'un coin de lumière dans ce galactique no man's land. Donc familiarité oblige, le Nostromo, vaisseau fantôme proche du labyrinthe et lieu principal de l'action est en quelque sorte comme un second domicile pour moi où le Lieutenant Ellen Ripley (Weaver) fait office de guide ''inhabituel'' au cœur d'une nuit angoissante et moite. Précurseur d'une désormais longue liste d'amazones et de héros au féminin et talonnée de près par Sarah Connor (Linda Gray), mère désemparée mais combative de Terminator 2 réalisé par James Cameron en 1991.

 

Alors c'est qui le Sexe faible ?


Pour ceux qui n'ont jamais vu le film:

 

Conseil n°1:

Si ne pas avoir vu ce film était considéré comme un crime, vous seriez condamné à perpèt' - oui rien que ça!...alors pour échapper à la combinaison zébrée...n'attendez plus !

 

Conseil n°2:

Ayez confiance, vous en ressortirez différent et surement en sueur - bien mieux qu'une séance de gym...

 

                                                                                                           

 

L'HISTOIRE:

 

An 2122 :

 

L'équipage du Nostromo, un colossal vaisseau commercial missionné pour ramener une importante cargaison de minerais est sur le chemin qui mène vers notre bonne vieille planète Terre (bonne nouvelle, cette dernière existe encore - si c'est pas de l'optimisme ça!). Malgré l'impatience croissante de ses occupants - 7 hommes et femmes Dallas, Lambert, Brett, Ash, Parker, Kane et Ripley - de rentrer au bercail, la situation semble maîtrisée...jusqu'au hic, c'est à dire jusqu'à ce que ''Maman'', nom plutôt symbolique donné à la matrice de la navette ne capte une présence non identifiée dans son périmètre de navigation. L'équipage décide alors de se poser sur le planétoïde qui émet l'étrange signal et Dallas, Lambert et Kane s'en vont alors explorer ses profondeurs. Pendant que le reste du groupe patiente à bord du vaisseau, la liaison est brutalement interrompue. Finalement, Dallas et Lambert réapparaissent avec un Kane totalement inconscient. A la grande stupeur de tous, il semblerait qu'un corps étranger ait dissout le casque de leur collègue pour ne plus vouloir se détacher de son visage désormais recouvert de surprenantes tentacules...

                                                    

                           L'équipage autour de Kane: pris d'une subite crise nocturne d'appendicite:-)

 

 

Après que Ripley ait fermement refusé d'outrepasser les règles fixées par leur compagnie - à savoir l'accès d'un élément étranger et surtout non reconnu sur le vaisseau - le scientifique Ash prend la dangereuse décision d'ouvrir le sas de sécurité et refuse par ce fait la mise en quarantaine de ses collègues.

 

C'est à partir de cet acte assumé mais irréversible que l'angoisse et le doute vont commencer à s'installer pour une durée non déterminée. Le commencement d'un CDI de l'horreur en quelque sorte! La suite de cette aventure est une diabolique mécanique orchestrée par un Ridley Scott accessoirement influencé par le récent Star Wars. Départ pour une immersion dans un univers cinématographique inédit. Ou les notions d'espace et de temps jouent un rôle majeur dans la montée d'une terreur nouvelle. L'obscurité n'a jamais aussi bien été utilisée et ce que l'on n'y perçoit, ou pas tout à fait, n'a jamais été aussi agressif et aussi sournois.

 

Un cocktail parfait entre SF et Horreur. Paysage sinistré, coincé entre rêve cauchemardesque et réalité futuriste dont la recette sera reprise par trois autres réalisateurs de renom pour trois suites assez réussies dans l'ensemble :

 

 

- Alien le Retour (James Cameron)

- Alien³ (David Fincher)

- Alien la résurrection (Jean-Pierre Jeunet). 

 

 

L'incontournable de la saga restant pour moi le 1er opus, malgré les versions assez personnelles des autres cinéastes qui auront opté pour davantage d'action et de violence au sein de zones des plus angoissantes (asile extragalactique, vaisseau fantôme, laboratoire militaire).


AUTRE INTERET MAJEUR POUR MOI:

 

 

 

Dans tous les genres du cinéma (film noir, comédie musicale, romance, action, policier, western ...), la femme a longtemps joué et représenté la vamp, la beauté fatale, la manipulatrice, la meneuse de revues ou la shampooineuse.

Jusqu'à ce que certaines d'entre elles ne prennent la foudre et les armes pour enfin faire valoir des droits plus en commun avec leurs homologues masculins. Sans demander la permission d'être fragiles et fortes à la fois ou de n'avoir aucun homme dans leurs draps, droit ô combien légitime de pouvoir et bien encore savoir se défendre seule si nécessaire, armée ou non selon la situation. En plus simplifié, ces femmes se sont battues pour le droit d'être elles-mêmes.

 

 

Pour moi, au même titre que Linda Gray (Sarah Connor) dans les deux premiers épisodes de Terminator (James Cameron), Sigourney Weaver m'a toujours semblé bien plus féminine (malgré ses formes assez peu voluptueuses) que n'importe quelle séductrice en jupons froufrouteux. Ici, on ne parle pas que d'un physique (coupe de cheveux, vêtements, capacités à séduire), ici il s'agit davantage de la complexe combinaison qui fait qu'une femme est une femme pour différentes actions et raisons nullement incompatibles entre elles. Et pour ce, si elle a donné la vie, ici, sa condition de survivante la pousse à se surpasser jusqu'à la transformer en ''Kill Machine'' (machine à ''buter''). La volonté de vivre à tout prix, pour ses enfants et puis pour elle bien entendu.

 

 

Connor et Ripley sont intrinsèquement des symboles d'humanité et d'espérance car elles sont femmes puis mères (ou l'ont été) et souffrent de la perte partielle ou définitive de leur enfant.  Non que toutes les femmes soient favorables ou aptes à la maternité, mais selon moi, elles ne se battent pas pour détruire mais avant tout pour protéger...Loin de moi l'idée de diaboliser les hommes...enfin si un peu quand même...

 

 

Donc si je devais effectuer une analyse plus poussée de ce film, elle porterait avant tout sur l'importance du rôle de Ripley. Comprendre sa position et ses choix de femme dans une aventure ''testostéronée'', expliquer sa bien étrange relation avec la ''créature'' au fil de la saga. Relation où la haine et l'effroi laisse finalement place à un attachement inespéré, un lien quasi indestructible. L'étrangeté et la beauté avec un être mystérieux à la fois mâle, pénétrant les chairs pour y déposer ses graines, et femelle, pondant et protégeant agressivement ses œufs contre des interventions de plus en plus militarisées.


11/06/2012
0 Poster un commentaire

VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER

THE DEER HUNTER de Michael Cimino - 1978

 

Durée: 182 minutes - Grande Bretagne

 

Casting: Meryl Streep (Linda), Robert DeNiro (Michael/Miky), Christopher Walken (Nickanor/Nick), John Savage (Steven/Steve), John Cazale (Stan/Stosh), George Dzundza (John), Chuck Aspegren (Axel), Shirley Stoler, Rutanya Alda, Pierre Segui (++ acteurs non professionnels pour la ville de Clairton et pour les scènes au Vietnam)                                                                                                

 

           

                                                       


Dans ce film orchestre sorti moins de cinq ans après la fin de la guerre du Vietnam, Michael Cimino prend pour certains beaucoup trop de libertés dans le traitement d'un des pires épisodes de l'histoire américaine. Mais pour d'autres -dont je fais partie-, ce film semble représenter un des plus importants et des plus traumatisants sur l'engagement puis l'enlisement des Etats-Unis dans ce conflit. The Deer Hunter -le titre français est trop nul à c****!- nous propose ''une'' histoire de ces survivants appelés plus communément les ''vétérans''. Ces hommes qui ont fait la guerre, ont tué et ont vu l'horreur de près en ressortiront affreusement meurtris et solitaires. 

 

 

Et si l'oeuvre de Michael Cimino démontre effectivement l'isolement et la solitude de tout revenant, selon moi, elle reste principalement un film sur l'amitié et sur l'amour au sein d'une communauté ainsi qu'une véritable ôde à la nature car oui, Cimino sait filmer un paysage, aucun doute là-dessus!. Mais surtout, The Deer Hunter reste essentiellement un film sur une difficile mais possible célébration de la vie sur la mort. Et pas juste ''ce film'' dans lequel la scène de la roulette russe est la principale distraction.

 

 

Durant la première heure du film, Cimino nous propose une immersion totale dans le quotidien d'un groupe d'amis issu de la classe ouvrière d'une petite ville de Pennsylvanie. On partage ici leurs liens d'amitié et ce qui les rassemble comme les virées entre hommes au Welsh's Bar, la chasse, ou encore la fête. On rit, on pleure, on chante, on boit beaucoup-beaucoup et on en profite pour célèbrer de grands moments de fraternité et découvrir la culture slave. Avant de se retrouver arraché à ce foyer chaleureux en même temps que nos trois personnages principaux: Michael (le merveilleux Robert De Niro), Steve (le jeune John Savage, futur Claude Bukowski du film capillaire ''Hair'') et Nick (le tout aussi jeune et divin danseur broadwayien, Christopher Walken). 

 

 

Inconscients et naifs, les trois jeunes hommes, fraîchement engagés dans l'armée sont fiers de partir servir leur patrie, laissant derrière eux femmes (dont la merveilleuse et fragile Linda -Meryl Streep) et enfant. Ils vont alors se retrouver propulsés dans l'enfer d'une guerre qui s'avérera plus longue et plus violente qu'ils ne le pensaient. Une guerre qui comme toute autre va finalement ''recracher'' trois types de soldats : le soldat physiquement indemne, le soldat mutilé ou/et paralysé et enfin le soldat de retour dans un cercueil.

 

 

Du point de vue de la mise en scène et de la direction d'acteurs, il est important de savoir que Michael Cimino tenait absolument à faire jouer des acteurs non professionnels pour représenter la communauté russe. Parce que l'authenticité restait son leitmotiv, il s'agissait pour lui de présenter des gens auxquels le spectateur pouvait aisément s'identifier. Parce que ces gens, issus de minorité et de classe sociale souvent ouvrière (le réalisateur étant issu d'un milieu assez bourgeois), Cimino les a mit en scène afin de se rappeler ceux qu'il avait réellement rencontré. Parce que cette authentique communauté russe avec laquelle on prend beaucoup de plaisir à faire la fête et à célébrer les nombreux rituels a donné une teinte particulière à la première heure du film en accueillant généreusement la production dans son quotidien.

 

 

Quant aux acteurs principaux, j'aime à penser qu'autant de jeunes talents dans un film, c'est pas permis, c'est inoui! et il est juste normal ici de féliciter leur jeu, leur investissement ainsi que leurs prises de risque pour une interprétation d'exception: revolvers intentionnellement chargés, chutes vertigineuses (scène de la rivière Kwai), maladie, jambe cassée, tournage en terre poilitiquement hostile....

 

 

En fan (non, je ne vendrai quand même pas ma mère pour le rencontrer...quoi que...;-)) de Robert De Niro, je reste encore convaincue, après avoir vu la quasi totalité de ses films, que The Deer Hunter reste à ce jour une des meilleures opportunités qui se soient présentées à lui pour livrer l'étendue de son jeu. Pour ne rien changer à ses habitudes, ''Bobby'' s'est renseigné abondamment sur le monde de la sidérurgie avant de s'immerger totalement dans une usine où de vrais ouvriers pouvaient lui montrer (malgré eux) comment Michael Vronsky pouvait exister.

 

 

C'est également une aubaine de pouvoir découvrir le jeune Christopher Walken ainsi que la fabuleuse Meryl Streep dont le compagnon de l'époque, le combattif John Cazale (qui joue le personnage de Stan) était menacé par la production du film. En effet, John Cazale souffrait d'un cancer et devait se rendre en soins palliatifs entre chaque prise, ce qui semblait être un vrai risque pour les assureurs qui avaient peur que ce dernier ne meurt durant le tournage. Finalement, Michael Cimino réussit à convaincre les producteurs de l'importance de son rôle pour l'histoire, et ce, malgré sa difficulté à suivre un tournage plutôt éprouvant.

 

 

Voilà une autre raison pour laquelle je trouve que The Deer Hunter est une oeuvre-témoin très touchante, c'est le dernier film d'une époque mais aussi d'un acteur qui, même s'il a relevé le défi de jouer jusqu'à la fin, n'aura pas le temps de voir le montage final. De par ces circonstances tragiques, ce film reste un hommage à sa performance et à son courage.   

 


04/11/2011
0 Poster un commentaire

BOULEVARD DE LA MORT

THE DEATH PROOF de Quentin Tarantino - 2007

Durée: 1h50  - Etats-Unis 

Casting: Rose Mc Gowan, Sydney Tamila Poitier, Zoé Bell, Rosario Dawson, Tracie Thoms, Vanessa Ferlito, Mary Elizabeth Winstead, Jordan Ladd, Kurt Russell, Quentin Tarantino, Eli Roth, Michael Parks...

       

 

Inutile de vous présenter le célèbre Quentin - prononcé à l'americaine ''Couenne-tine'' - Tarantino, un des réalisateurs les plus américains, les plus talentueux et les plus barrés de sa génération.

 

 

En 2007, ce Zinzin autodidacte et vrai passionné de cinéma nous offre un nouveau film dont les 8 héroines sont à la fois objets de désir mais également de destruction du très charismatique cascadeur professionnel borgne, Stuntman Mike, joué par un Kurt Russel sur le retour. Ces deux groupes de jeunes femmes sexys et insolentes interprétées par une jolie pléiade d'actrices jusqu'alors plutôt inconnues, sont pistées par le salaud psychopathe, pilote has been sûrement en proie à de graves problèmes oedipiens. Si les jeunes gazelles vont très vite déchanter, elles ne seront pas les seules à laisser des plumes dans ce néo road movie couleur vermillon... 

 

                                              

  

Comme à son habitude, Tarantino  a soigné sa B.O et surtout l'esthétique de son image (vieillie par endroits et offrant une séquence en N&B surplombée de couleurs franches et splendides...). Utilisant également un mélange étonnant de formats et de genres (films de séries B, horreur, policier, bandes annonces), qui traduit un retour nostalgique dans les années 70 où la super 8 (Caméra sonore - son intégré) était le Must Have pour les films amateurs.

 

La plupart des gens avec qui j'ai pu échanger sur la filmographie de Tarantino n'ont pas été beaucoup à apprécier ce film comme moi - à part mon amie Didine. Ce premier opus du dyptique Grindhouse suivi par la sortie du très marrant mais assez décevant à mon goût ''Planète Terreur'' réalisé par Robert Rodriguez (oui il a réalisé ''Une nuit en enfer'' et oui, il y a Robert De Niro dans le rôle du politicard véreux mais bon...).

 

Pour moi, The Death Proof est un film super excitant d'un point de vue de femme. Il n'est pas spécialement destiné à la gente féminine mais il reste ponctué de longs dialogues où le girl power s'exprime naturlich, sans filtre et sans fards - et je ne parle pas de maquillage ;-). Question: de quoi peuvent bien parler les filles entre elles avant/pendant et après l'arrivée de la terreur Stuntman? Voilà ce qu'en dit trashement Couenne-tine. 

 

Il faut le dire, le casting est terrible -(n'oublions pas l'acteur Michael Parks dans le rôle du shériff Earl Mc Graw déjà incarné dans Une Nuit en Enfer et dans Kill Bill 1 + la doublure cascade de Uma Thurman, la néo-zélandaise Zoe Bell) - et les actrices ont du chien en dehors de leur physique plutôt avantageux. Bien entendu, le réalisateur met ses interprètes ''très en valeur'' et malgré leur superficialité apparente, soignent les différentes personnalités. Si certain(e)s y ont vu un machisme/sexisme outrancier et affiché (voir la première scène ouvrant le film sur le trajet des jolies miches de Miss Butterfly montant des escaliers, la main entre les cuisses...) c'est pour beaucoup mieux les abîmer...dans un second temps...! Irrésistible et trash. Un bon Tarantino quoi. Donc RAS.

 


13/12/2011
0 Poster un commentaire

FARGO de JOEL & ETHAN COEN (1996)

Durée: 98 mns - Etats-Unis - 1996-

Film policier / Comédie acide Made in USA 

 

Casting: William H. Macy, Steve Buscemi, Peter Stormare, Frances Mc Dormand, Peter Caroll Lynch, Harve Presnell...

 


Si je vous dis les Frères Coen, vous me répondrez spontanément: The Big Lebowski, ou peut-être O'Brother, et plus récemment No Country for Old Men ou True Grit. Films tous très bons dans ''le style Coen'' mais pour ma part, il s'agit de l'incroyable Fargo.

 

Fargo est ''le'' film qui m'a fait connaitre le cinéma de ces deux frangins qui faisaient à l'époque partie des réalisateurs indépendants américains les plus talentueux. Egalement ceux qui savaient envoyer paître comme personne la presse indiscrète et ces autres spécimens bovins comme Harvey Weinstein (Ponte de Miramax et producteur de Tarantino depuis ses débuts) avides de contrôle.

 

J'ai eu la chance d'analyser Fargo à la fac grâce aux cours dispensés par Christian Delage, un incroyable Historien-Cinéaste. Ce qui le place dans le Top 10 de mes films préférés. Plus absurde comme intrigue, tu meurs!!

 

Le binôme constitué par les Frères Coen est complémentaire, si Joel est celui qui réalise le plus souvent, son frère Ethan s'occupe du scénario et surtout de la production. En marge du système hollywoodien à leurs débuts, ils ont peu à peu rejoints le circuit des réalisateurs les plus bankables (bien mais pas top!). Ce que j'aime dans leurs réalisations, c'est sans doute le côté ''famille'' mis en place. Ils travaillent avec les mêmes acteurs et les mêmes techniciens depuis un bail maintenant (Frances Mc Dormand en tête - accessoirement épouse de Joel) mais aussi Tricia Cooke, la monteuse plus ou moins attitré de leurs premières oeuvres et bien encore Steve Buscemi, John  Goodman, John Turturro et George Clooney.  

 

 

                                                                                                              

                                                                       v

 

 

Fargo est un polar acide et bien souvent comique (bon, on grince des dents surtout!) dans lequel les frères Coen nous conte l'histoire de Jerry Lundegaard, directeur commercial d'une concession automobile familiale qui peine à gagner la confiance de son patron, qui se trouve être son beau-père. Afin de réunir les fonds pour monter une entreprise assez douteuse, Jerry décide de faire kidnapper sa femme par deux malfrats, dans le but de soutirer de l'argent à son papa chéri qui s'avère être un homme d'affaires rigide et sans scrupules. Malheureusement pour Jerry, ce monsieur-tout-le-monde made in South of USA (l'histoire se déroule à Minneapolis - Etat du Minnesota), tout va très rapidement déraper. Une histoire qui va davantage enfermer cet affabulateur dans le mensonge, la dissimulation et le pathétisme. Parallèlement, Marge, femme flic très enceinte des environs va mener son enquête à sa manière afin de comprendre ce qui a bien pu arriver à ce petit monde. Sang glacé, froideur géographique et psychologique ainsi que sourires jaunes sont le lot du public.

 

 

Tout d'abord, comme pour beaucoup de films étrangers, la version originale est de mise pour apprécier l'accent à couper au couteau des habitants de ce petit patelin du Sud-Est des Etats-Unis. Vous pourrez compter un nombre incroyable de ''Ya, Ya!'' (= yes quoi !) prononcés par ces provinciaux qui représentent ceux que Joel et Ethan Coen ont cotoyés durant leur enfance et leur adolescence. Même si ce film est tourné tant en intérieur qu'en extérieur, on se sent vite plombé par cette atmosphère de huis-clos. Sans doute est-ce la neige qui demeure un élément voir un personnage à part entière  emprisonnant les gestes et les corps des personnages de ce récit. Jerry Lundegaard en tête de liste. Déjà sclérosé par une vie sans grande saveur, femme neuneu et fils à sa maman- aidant, cet homme en échec continue malgré tout à tenter le tout pour le tout; ce qui est sa plus grande qualité mais ce qui va aussi le mener vers des sentiers assez enneigés et glissants...la fatalité pour lui: sa rencontre avec les deux malfrats: Carl (Steve Buscemi au bord du gouffre) et Gaear (le glacial Peter Stormare).

 

 

La petite perle de ce film reste Marge (la succulente Frances Mc Dormand), personnage charismatique à l'intuition (féminine) décuplée par sa grossesse. Encouragée et bichonnée par son mari Norm, homme au foyer nonchalant, Marge a cette façon bien à elle de mener l'enquête. Entre deux repas bien caloriques et pas une seule contraction malgré sa démarche de ventrue, elle nous montre là une évidence si...évidente! Les frangins Coen nous amène au bout de la montagne et nous pousse dans le vide sans parachute. Accompagnés d'une musique angoissante, on frôle la dépression mais il faut le reconnaître, ce genre de dépression, on en redemande!

 

 

Allez à vos lecteurs ! Pour le meilleur et pour le pire...du pire !!!

 


21/01/2012
0 Poster un commentaire

She's gotta have it (1986)

Nola Darling n'en fait qu'à sa tête (She's gotta have it) de  Spike  Lee

Durée: 85 minutes - Etats-Unis

Casting: Tracy Camilla Jones (Nola), Spike Lee (Mars Blackmon), Tommy Redmond Hicks (Jamie Overstreet), John Canada Terrell (Greer Childs), Bill Lee (Sonny Darling), Joie Lee (Clorinda Bradford)...

                     

 

En 1986, ce super cinéaste qu'est devenu Spike Lee est un jeune et brillant étudiant africain-américain issu d'une famille d'artistes et d'intellectuels de Brooklyn. Il décide, alors qu'il poursuit ses études de cinéma à la Tisch School of the Arts de Broadway, de produire et de réaliser She's gotta have it en y interprétant un des rôles principaux. Pour enfin présenter au monde du cinéma son premier long-métrage. 

 

vv

 

Nola Darling n'en fait qu'à sa tête est un film en noir et blanc qui nous raconte l'histoire d'une jeune femme afro-américaine, Nola Darling, artiste peintre aisée qui vit à Brooklyn et qui n'arrive pas à choisir lequel de ses 3 amants: Jamie, Greer ou Mars, sera celui qui partagera sa vie. En attendant, Nola est plutôt honnête et ne cache rien de sa vie débridée aux trois jeunes hommes. Elle en profite pour jouer avec leurs nerfs et leur libido au gré de ses humeurs. Une situation acceptée non sans mal qui va créer des tensions et surtout des moments drôles et cocasses. Comme ce repas d'anniversaire qu'elle tient à passer entourée de ces prétendants qui, pour savoir lequel pourra finir la nuit avec elle devront rester éveillés jusqu'au dernier...

 

 

Mais que veut-dire Spike Lee en abordant l'histoire d'une femme avide d'expériences charnelles qui semble peu attirée par un unique amour ad vitam? Tente t-il de nous parler de lui et de ses relations personnelles avec la gente féminine? Est-ce une tentative de parler de ces actrices qui demeurent à l'époque si peu visibles à l'écran? Tout en faisant découvrir grâce à un regard énergique et drôle une frange de la population noire qui sera plus franchement mise en scène (avec encore plus d'humour) dans The Fresh prince of Bel Air ?

 

Ne posez pas la question aux critiques et féministes (afros) de l'époque! Elles arracheraient sûrement leurs locks et autres tresses avec rage et dégoût. Il semblerait qu'elles aient digéré ce film de travers - car selon elles, Lee fait passer ce personnage féminin pour une névrosée qui en arrive même à consulter un médecin pour savoir ce qui ne va pas chez elle. Ce qui voudrait dire que sa façon de vivre et d'aimer ne semble pas la bonne. Qu'un choix doit vite s'imposer à elle et que la normalité serait de ne jouir que d'une seule relation à la fois... La scène finale, vue comme un relent misogynique punitive du réalisateur, restant l'apogée d'un traitement sans égal pour une femme quelle qu'elle soit.

 

Mais je vous laisse en juger par vous-même, je n'ai pas de réel avis sur la question. J'aimerai surtout souligner l'humour qui ne quitte jamais vraiment les premières réals de Lee...ce qui fait peut-être passer des vessies pour des lanternes!!

 

Ce 1er film de Spike Lee qui a depuis tracé son chemin sur une route pourtant sinueuse est pour moi une révélation à l'époque où je l'ai vu pour la première fois. J'ai découvert qu'il était possible de voir au cinéma une actrice noire qui interprète autre chose qu'une junkie, une chômeuse ou une nounou, des rôles bien trop latents et bien trop limitants à mon goût pour n'importe quel acteur. En gros, ce film m'a amené à me questionner sur ma première vraie-vraie identification à un personnage féminin de cinéma (exit sa vie intime). Bien que je saches que cette transformation n'est pas dû qu'à une question de couleur ou de sexe, je pense en tant que femme noire antillaise (et non communautariste ce n'est pas pareil !!) qu'il est souvent plus facile de rentrer dans la peau et la tête d'une personne à laquelle je ressemble un temps soit peu (physiquement j'entends). Un point de vue partagé ou non et que je développerai au fil de certains de mes articles.

 

A titre indicatif, Spike Lee reste un de ses célèbres réalisateurs qui se passionnent, tout comme Woody Allen ou Martin Scorsese pour la ville de New York, une ville où  les trois célèbres cinéastes ont grandi et qui les a si souvent inspirée pour les décors de leurs films respectifs. Spike Lee, né à Brooklyn, nous guidera de nombreuses fois dans les rues de ce quartier où il a sommairement traîné avec ces quatre frères et soeurs. Lieu de découverte du monde extérieur, lieu où tout arrive et où les cages d'escaliers, les immeubles et leurs marches restent un terrain où les habitants de ce quartier se confient, se charient et parfois s'entretuent. Un quartier où la vie suit son cours, où les choses sont ce qu'elles sont et où Spike Lee est fier d'avoir vécu.  


13/12/2011
0 Poster un commentaire

METISSE de MATHIEU KASSOVITZ (1993)

Durée: 95 mns - France

Casting: Julie Mauduech, Hubert Koundé, Mathieu Kassovitz, Jani Holt, Vincent Cassel, Héloise Rauth, Rywska Wajsbrot, Tadek Lokcinski, Peter Kassovitz, Jean-Pierre Cassel, Berthe Bagoe, Jean-Claude Flamand Barny...    

 

                                                                       

 

Métisse est le premier long-métrage du charismatique réalisateur français Mathieu Kassovitz. Après quelques courts-métrages et participations à des tournages, le fils du réalisateur franco-hongrois Peter Kassovitz décide de faire le grand saut. Certains savent qu'il est plutôt fan du cinéma de Spike Lee, en tout cas assez pour reprendre l'idée proposée dans She's gotta have it -1er long métrage du cinéaste afro-américain- et dont je parle dans l'article qui précède. Celle du portrait d'une femme débridée et partagée entre plusieurs hommes.  

 

Ici, il est question de Lola, une jeune parisienne d'origine antillaise, interprétée par la lumineuse Julie Mauduech, amoureuse de deux hommes: Félix (Mathieu Kassovitz), glandeur professionnel - mélomane issu d'une famille modeste juive et Jamal (Hubert Koundé), brillant étudiant africain et musulman menant une vie de château.

 

 

Si leurs origines religieuses sont précisées à cet endroit, c'est que l'enjeu de ce trio va être de composer avec toutes ses particularités afin de gérer au mieux la situation dans laquelle ils vont tous les trois se trouver. Rendez-vous pris avec ses deux amoureux, Lola lâche un sacré pavé dans la mare: ''Je sais pas pour vous, mais moi j'attends un enfant''. Le problème est que ''la Lola'' aiment les deux hommes, aussi différents qu'ils soient et qu'elle veut garder ce bébé à tout prix, et peu importe celui dont il aura les traits ou les coutumes. Commence alors la découverte de leur univers propre et commun.

 

Lola dont les parents sont restés à la Martinique habite une petite chambre au dessus de chez sa grand-mère et poursuit ses études tant bien que mal. Jamal est lui fils de diplomates africains toujours en déplacement qui cherche sa place entre la fac de droit, milieu essentiellement bourgeois et blanc et la place qu'il pense que la société voudrait qu'il prenne - compliqué je sais!. Quant à Félix, entre son vélo, sa famille entassée dans un trois-pièces et le rap, il vit de petites débrouilles (trafics, emprunts...) en attendant des jours meilleurs. Quand la nouvelle tombe, au-delà du fait que les deux jeunes hommes découvrent qu'ils sont cocus, c'est la cohabitation à trois qui risque de les dépasser, jusqu'à la naissance de cet enfant.

 

Dans Métisse, je pense que Kassovitz aspire surtout à montrer comment fonctionne un ménage peu conventionnel dont les différences de milieu et de religion pourraient être un frein à son épanouissement. Et bien sûr, la grossesse de Lola n'est qu'un prétexte (comme le bon vieux MacGuffin d'Hitchcock) pour nous montrer comment le trio amoureux se sort de cette expérience, apprenant à se connaitre et à finalement s'appuyer les uns sur les autres. Ce film est sans doute le premier film français qui m'a permit de m'identifier réellement au personnage  principal féminin, non que je sois adepte de la polygamie mais le fait de voir une jeune antillaise très parisenne parler en créole avec sa grand-mêre, c'était assez nouveau pour moi qui suit si timide à pratiquer la langue. Kasso tente ici de ne pas stéréotyper ses personnages et se donne le rôle le moins mature des trois. Lui, c'est l'humour, la déconne, celui qui rackette son oncle au lieu de se trouver un travail et qui insulte tout le monde -''Connard'' est bien prononcé une bonne dizaine de fois.

 

Et vu que je ne peux pas m'empêcher de comparer avec le 1er film de Spike Lee, je dirai que Félix est l'homologue blanc et juif de Mars Blackmon (interprété par Spike Lee lui-même), de par son style et son caractère; en fait, les deux adoptent un look purement Streetwear emprunté à la culture hiphop des années 80; ils ont donc l'occasion de remettre au goût du jour les grosses lunettes kitsch, ainsi que les tee-shirts XL à message engagé. Tous les deux issus de milieu modeste, on imagine qu'ils s'en sortent plutôt bien grace à leur tchatche aisée. Leurs défauts: immaturité, égocentrisme, irresponsabilité voire goujaterie...Qualités: euhh...

 

Ce que j'aime particulièrement dans Métisse, c'est que ce film est avant tout un film ''familial'' où l'on a plaisir à retrouver les personnes chères à Kassovitz et qui feront bientôt parties du casting de ''La Haine'', son deuxième long-métrage encensé par la critique internationale à sa sortie en 1995. On y retrouve Hubert Koundé dans le rôle d'Hubert mais aussi Vincent Cassel (qui joue ici le grand frère de Félix) dans le rôle de Vinz, le grand-père de Félix qui joue le vieux conteur des toilettes; également Julie Mauduech (Lola) dans la séquence de la galerie d'art aux côtés de Karin Viard; et enfin Peter Kassovitz en galériste et Mathieu Kassovitz dans le rôle d'un skinhead. 

 


13/12/2011
0 Poster un commentaire