VALSE AVEC MON CINEMA

She's gotta have it (1986)

Nola Darling n'en fait qu'à sa tête (She's gotta have it) de  Spike  Lee

Durée: 85 minutes - Etats-Unis

Casting: Tracy Camilla Jones (Nola), Spike Lee (Mars Blackmon), Tommy Redmond Hicks (Jamie Overstreet), John Canada Terrell (Greer Childs), Bill Lee (Sonny Darling), Joie Lee (Clorinda Bradford)...

                     

 

En 1986, ce super cinéaste qu'est devenu Spike Lee est un jeune et brillant étudiant africain-américain issu d'une famille d'artistes et d'intellectuels de Brooklyn. Il décide, alors qu'il poursuit ses études de cinéma à la Tisch School of the Arts de Broadway, de produire et de réaliser She's gotta have it en y interprétant un des rôles principaux. Pour enfin présenter au monde du cinéma son premier long-métrage. 

 

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Nola Darling n'en fait qu'à sa tête est un film en noir et blanc qui nous raconte l'histoire d'une jeune femme afro-américaine, Nola Darling, artiste peintre aisée qui vit à Brooklyn et qui n'arrive pas à choisir lequel de ses 3 amants: Jamie, Greer ou Mars, sera celui qui partagera sa vie. En attendant, Nola est plutôt honnête et ne cache rien de sa vie débridée aux trois jeunes hommes. Elle en profite pour jouer avec leurs nerfs et leur libido au gré de ses humeurs. Une situation acceptée non sans mal qui va créer des tensions et surtout des moments drôles et cocasses. Comme ce repas d'anniversaire qu'elle tient à passer entourée de ces prétendants qui, pour savoir lequel pourra finir la nuit avec elle devront rester éveillés jusqu'au dernier...

 

 

Mais que veut-dire Spike Lee en abordant l'histoire d'une femme avide d'expériences charnelles qui semble peu attirée par un unique amour ad vitam? Tente t-il de nous parler de lui et de ses relations personnelles avec la gente féminine? Est-ce une tentative de parler de ces actrices qui demeurent à l'époque si peu visibles à l'écran? Tout en faisant découvrir grâce à un regard énergique et drôle une frange de la population noire qui sera plus franchement mise en scène (avec encore plus d'humour) dans The Fresh prince of Bel Air ?

 

Ne posez pas la question aux critiques et féministes (afros) de l'époque! Elles arracheraient sûrement leurs locks et autres tresses avec rage et dégoût. Il semblerait qu'elles aient digéré ce film de travers - car selon elles, Lee fait passer ce personnage féminin pour une névrosée qui en arrive même à consulter un médecin pour savoir ce qui ne va pas chez elle. Ce qui voudrait dire que sa façon de vivre et d'aimer ne semble pas la bonne. Qu'un choix doit vite s'imposer à elle et que la normalité serait de ne jouir que d'une seule relation à la fois... La scène finale, vue comme un relent misogynique punitive du réalisateur, restant l'apogée d'un traitement sans égal pour une femme quelle qu'elle soit.

 

Mais je vous laisse en juger par vous-même, je n'ai pas de réel avis sur la question. J'aimerai surtout souligner l'humour qui ne quitte jamais vraiment les premières réals de Lee...ce qui fait peut-être passer des vessies pour des lanternes!!

 

Ce 1er film de Spike Lee qui a depuis tracé son chemin sur une route pourtant sinueuse est pour moi une révélation à l'époque où je l'ai vu pour la première fois. J'ai découvert qu'il était possible de voir au cinéma une actrice noire qui interprète autre chose qu'une junkie, une chômeuse ou une nounou, des rôles bien trop latents et bien trop limitants à mon goût pour n'importe quel acteur. En gros, ce film m'a amené à me questionner sur ma première vraie-vraie identification à un personnage féminin de cinéma (exit sa vie intime). Bien que je saches que cette transformation n'est pas dû qu'à une question de couleur ou de sexe, je pense en tant que femme noire antillaise (et non communautariste ce n'est pas pareil !!) qu'il est souvent plus facile de rentrer dans la peau et la tête d'une personne à laquelle je ressemble un temps soit peu (physiquement j'entends). Un point de vue partagé ou non et que je développerai au fil de certains de mes articles.

 

A titre indicatif, Spike Lee reste un de ses célèbres réalisateurs qui se passionnent, tout comme Woody Allen ou Martin Scorsese pour la ville de New York, une ville où  les trois célèbres cinéastes ont grandi et qui les a si souvent inspirée pour les décors de leurs films respectifs. Spike Lee, né à Brooklyn, nous guidera de nombreuses fois dans les rues de ce quartier où il a sommairement traîné avec ces quatre frères et soeurs. Lieu de découverte du monde extérieur, lieu où tout arrive et où les cages d'escaliers, les immeubles et leurs marches restent un terrain où les habitants de ce quartier se confient, se charient et parfois s'entretuent. Un quartier où la vie suit son cours, où les choses sont ce qu'elles sont et où Spike Lee est fier d'avoir vécu.  



13/12/2011
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