VALSE AVEC MON CINEMA

LA BM DU SEIGNEUR de Jean-Charles Hue (2010)

France - Durée : 74 mns

Distribution: Frédéric Dorkel et Joseph Dorkel, Angélina et Michael Dauber entourés de leur famille et amis de la communauté yéniche des gens du voyage.

 

 

Jean-Charles Hue, réalisateur très audacieux et (mais) peu connu du grand public jusqu'alors a réalisé "La BM du seigneur" il y a maintenant quatre ans.

Un film dont j'avais entendu parlé mais vu la longue liste de films qui m'attend, que je n'ai pu voir que tout récemment.

 

Le sujet de ce second long-métrage - les gens du voyage - que beaucoup appellent "roumains", "gitans", "tziganes" ou "manouches" avec un taux d'amalgame élevé, m'a fait un bien fou. Sans doute suis-je bien lassée des œuvres numériques débordantes d'effets spéciaux et bien souvent assez vides d'un point de vue humain, ce que j'ai retrouvé ici. 

 

Fiction? Documentaire? Ce portrait d'homme est à la frontière des deux univers et brouille les pistes quant à la véracité des faits. Le titre, plutôt bien choisi, fait l'éloge de cette voiture de marque tant convoité pour sa robustesse et sa puissance tandis que le "seigneur" y prend place mais d'une manière bien précise. Bien entendu le film aborde d'autres thèmes et apporte un regard attentif mais sans complaisance sur des personnages haut en couleurs et politiquement intraitables.

 

Frédéric Dorkel (dans son propre rôle) est un membre respecté mais aussi craint par les siens. Vivant de vols de voitures et de bière fraîche (ça change de l'eau), ses démons intérieurs le poussent à enfreindre la loi divine malgré ses croyances. Issu d'une communauté très tournée vers Dieu et vers l'évangélisme, il écoute ses semblables se confesser sur la place publique le dimanche sans réellement remettre en question ses propres agissements. Marié et père de famille, il tente de s'occuper tant bien que mal de sa petite famille dans un climat social pesant et où son entourage haut en couleurs ne l'aide pas à s'élever plus haut dans les cieux.

 

Un soir, alors qu'il brûle les papiers d'un véhicule qu'il a volé, il voit enfin la lumière. Celle-ci lui confie alors un chien blanc. Ce nouveau compagnon débarque du jour au lendemain dans une vie et au sein d'un territoire fermé il n'y a pas de réelle place pour les animaux. Entre sa caravane et son camion, les champs et les bois, Frédéric prend soin de ce cadeau comme la prunelle de ses yeux et se fait la promesse de reprendre sa vie en main. Mais sa famille et ses amis ne vont pas vraiment aller dans son sens, ne comprenant pas vraiment ce revirement soudain. 

 

Dès les premières minutes du film, on découvre un univers atypique servi par deux-trois clichés sur les gens du voyage mais qui nous font penser que ces clichés n'en sont pas toujours. Et c'est là que la démarche du cinéaste commence. Parler de voleurs et de gens du voyage, voilà qui est tellement actuel...mais...le récit de Frédéric teinte la suite de son histoire d'un petit quelque chose de spécial.

 

On sent que la rupture n'est pas loin, que la tension est palpable et qu'à moins d'un petit miracle, le temps va bientôt tourner à l'orage. Frédéric, sous des airs de petite frappe montre beaucoup de respect aux gens de sa communauté. Impulsif et violent, on ressent surtout une grande humanité et quelque chose d'un peu fragile et cassé chez lui.

 

Frédéric, mi-ours mi-panda, si les images vous parlent davantage vit à proximité des bois dans une caravane- terrier où la porte est plus souvent ouverte que close. Au premier abord, certains pourraient passer leur chemin en découvrant des scènes plutôt dépourvues de couleurs et de lumière mais ceux qui décideraient de se laisser happer par l'histoire de ce personnage original comme moi pourraient se souvenir de lui dans quelques années.

 

Jean Charles Hue, pour avoir vécu longtemps au sein de ce groupe refermé sur lui-même a eu la chance de pouvoir filmer ses membres - non sans difficultés - dans toute leur authenticité et sans le filtre que l'on retrouve dans bien des oeuvres qui déforment parfois les us et coutumes de chacun. Surtout quand il s'agit des gens du voyage.

 

Je vois que le prochain long-métrage de JCH sort prochainement en salles et ressemble de loin à une suite de cette histoire. Vous pourrez découvrir la bande annonce de "Mange tes morts - Tu ne diras point!" (titre qui ne présage rien de catholique!!) dans la rubrique...Bandes annonces pour vous faire une idée mais avant...

 

C'est par ici...

 

 

 

 



30/10/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi