VALSE AVEC MON CINEMA

PROJECTION DE ''APRES L'OCEAN'' A LA MAISON DES METALLOS (NOVEMBRE 2011)

 Réalisation: Eliane de latour - 2009 

 Durée: 98 minutes - France

 Casting: Avec Fraser James, Marie-José Croze, Lucien Jean-Baptiste, Sara

 Martins, Kad Mérad, Djédjé  Appali, Malik Zidi,  Laurentine Milébo, Fatou  

 Sall...

 

 

                                                               

 

  

Eliane de Latour est une des rares et trop peu connues réalisatrices françaises à faire un cinéma qui prend souvent place au delà de l'Hexagone. C'est sans doute en qualité première d'anthropologue qu'elle nous offre des films qui parlent souvent de ''frontières''. Celles qui, tous les jours, sont franchis par des millions de gens voulant migrer vers des horizons meilleurs; mais aussi celles qui appartiennent au genre humain, qui nous protègent mais qui peuvent surtout nous enfermer et nous mettre à distance les uns des autres, empêchant cette empathie dont les personnages de ce film vont tant avoir besoin.

 

 

L'HISTOIRE:

 

             

 

 

Deux jeunes frères d'origine ivoirienne, Otho (Djédjé Appali) et Shad (Fraser James) ont quittés leur pays pour faire fortune en Europe. On les retrouve tous les deux en Espagne où ils tentent de vivre de petits jobs mais aussi de trafics, avec un rêve en commun: celui de revenir en Côte d'Ivoire, les bras chargés de présents et les poches froissées par l'argent gagné à la sueur de leurs fronts. Leurs destins se séparent brutalement quand Otho est reconduit aux frontières après avoir été flashé au cours d'un trafic illicite auquel il n'a pourtant pas participé. Il va devoir rentrer affronter seul le regard de sa famille après avoir échoué prématurément là où, pour ceux qui restent au pays, tout est censé réussir à tout le monde.

 

 

 

Tandis que Shad, le seul à avoir réussi à fuir lors de l'arrestation tente de survivre en Angleterre puis en France afin de pouvoir envoyer de l'argent à son frère et à ceux qu'il aime. Malgré la dureté de sa situation, il va croiser quelques belles personnes comme Tango (Marie-José Croze), une jeune française vivant à Londres avec sa petite amie et qui va tout de suite être touchée par son histoire. Tango est représentée comme une sorte d'âme soeur qui ne va pas tarder à lui proposer un mariage d'arrangement afin qu'il puisse obtenir des papiers. De Madrid à Londres, puis de Paris à Abidjan où pour l'heure sont organisés les préparatifs de son vrai mariage, Shad va devoir sauver l'honneur de sa famille et de sa fiancée Pélagie (Tella Kpomahou) en revenant en ''guerrier''vainqueur. Tandis qu'Otho tourne en rond au pays, le périple de Shad ne fait que commencer et nous le suivons dans cette douloureuse aventure.  

 

 

Quand nous sommes arrivées avec mon amie à la Maison des Métallos (Métro Couronnes-Paris 11), la file d'attente dans le hall est encore impressionnante même si le staff se démène pour le bon déroulement des choses. Quelques minutes après, un des membres de l'équipe nous annonce que la salle principale est déjà pleine à craquer. Mines déconfites des personnes qui avaient pourtant réservés et dont je fais partie mais heureusement dans la foulée, un ouf de soulagement car une deuxième salle est rapidement mise à disposition pour une 2nde projection du film. Devant le succès de la soirée, nous relativisons et prenons notre mal en patience. Dix minutes après, nous voilà assises sur des sièges assez inconfortables mais tellement impatientes que le film commence. Nous devons attendre que le débat avec la réalisatrice qui a lieu dans la salle principale se termine, afin que les deux projections soient calées et que l'on puisse être en simultané.

 

Chhutt...ça commence enfin.

 

Pendant que les personnages commencent à s'animer, la première chose qui me vient à l'esprit est que je vais aimer recevoir ce qu'Eliane de Latour offre dans ce 4ème film. Parce que les deux jeunes héros me touchent tout de suite par leur beauté, leur force, leurs espoirs. Cet espoir premier de connaître une vie meilleure pour mieux revenir au pays me parle. Il tentent de..., ils se battent pour..., et continuent de croire en une possible amélioration de leur condition de vie, loin de leur famille, loin de leurs racines, mais se rapprochant de leur rêve. Ils sont dans l'action et refusent la fatalité et l'image donnée aux immigrés venant d'Afrique.

 

L'eau est un personnage à part entière du film (la mer-l'océan-le fleuve-la pluie / les ports, les bateaux, les cargos), le titre nous précise déjà sa place. Et Eliane De Latour motive son choix par l'utilisation de plusieurs langues: l'espagnol, l'anglais, le français et le dioula (langue la plus parlée en Côte d'ivoire), ce qui représente pour moi une façon pour elle de rendre compte de la mobilité de ses personnages dans leur périple européen. Le choix des acteurs montre un casting mixte issu de divers pays(France, Angleterre, Espagne, Afrique, Canada, Etats-Unis). Je trouve également que le scénario est très efficace et que l'humour aide parfois la digestion de certaines scènes très fortes. La bande originale du film mérite aussi d'être citée, la voix sensuelle et grave de Tikhen Jah Fakoly m'a transportée vers un ''ailleurs'' sans même bouger de mon siège.

 

 

Exemples de phrases pertinentes du scénario:

 

-''Hey laisse tomber tes illusions, ici c'est pas l'Afrique, c'est chacun dans son chacun! ''confie Tante Irène à Shad et Tango  

-''Vous les africains avec votre ça va aller, ça va aller, ça va aller comment? '' demande Tango à Shad.

-''Tu sais un guerrier y peut pas revenir sans rien, y peut pas revenir sans gibier sinon qu'est-ce qui prouve que c'est un guerrier?''

-''Toi tu as eu la chance d'être dans les magouilles, c'est ça qui t'as fait rester en Europe, mais moi qui n'est rien fait, on me fout dehors! ''dit Otho à son frère.
-''Tu vois autant gagner de l'argent dans l'illégalité puisque la légalité est injuste'' dit le dealer Tétanos à Shad.

-''Hey c'est mon bled, heyyy c'est mon bled! '' crie Shad une fois à Paris, à la sortie de la station de métro Château d'eau - nb: lieu où les rabatteurs de salons de coiffure sont en majorité africains.



01/12/2011
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