VALSE AVEC MON CINEMA

TOUSSAINT LOUVERTURE sur FRANCE 2 - 14/02 et 15/02/2012 à 20h35

Durée: 90 minutes X 2 - France

Casting: Jimmy Jean-Louis, Aissa Maiga, Arthur Jugnot, Pierre Cassignard, Féodor Atkine, Yann Ebongé, Sylvain Amoussou, Hubert Koundé, Thierry Desroses, Stany Coppet, Thomas Langmann etc...

 

                                      

                                     L'acteur haitien Jimmy Jean-Louis dans le rôle de Toussaint

 

 

En attendant la validation du très-attendu-projet de long-métrage que l'acteur africain-américain Danny Glover tente de mettre en chantier depuis bien longtemps; ce dernier faisant à tort et à raison l'objet de pourparlers et de polémiques en ce qui concernerait son/ses pays de production (les Etats-Unis ou/et le Vénézuela aux dernières nouvelles...).

 

 

 

                                                                  

                                                            

 

On peut donc choisir de se poser le temps de deux soirées et de se laisser conter l'histoire de cet homme de liberté et de droits qu'a été l'esclave affranchi Toussaint Breda devenu Toussaint Louverture. Un patronyme qui lui sera donné grâce à son pragmatisme militaire et à ses victoires face aux troupes de l'empire colonial européen (France/Espagne/Angleterre) qui s'opposent à son avancée. Ouvrir les yeux du peuple sur sa condition, ouvrir les yeux du Premier Consul de France, Napoléon Bonaparte, sur sa détermination et l'efficacité de ses manoeuvres en vue de révolutionner les esclaves de l'île de St Domingue où les colons blancs appelés ''Békés'' se battent pour conserver leurs privilèges.

 

Donc en attendant, je ne sais pas ce que ce téléfilm va nous apporter sur cet honorable et peu conventionnel homme d'action créole. En tout cas, il semblerait via quelques articles parus dans la presse que le réalisateur, Philippe Niang, aurait prit quelques libertés avec l'histoire. J'y reviendrai...

 

Mais pour commencer, Niang afin d'ouvrir son film, adopte l'idée, plutôt bonne, de mettre en scène un Toussaint Louverture-conteur/narrateur, vieillissant et passant ses derniers jours dans une Tour du château de Joux où le fit enfermer Napoléon Bonaparte en août 1802....Se remémorant les épisodes de sa vie mouvementée, commencée comme des millions d'autres hommes, femmes et enfants dans les champs de canne à sucre, jusqu'à son affranchissement. Puis s'élevant en tant que premier leader noir du mouvement anti-esclavagiste, intelligent et stratégique général puis gouverneur mais également homme complexe cherchant à préserver sa famille tout en prenant de nombreux risques afin que St Domingue qui deviendra bientôt Haîti puisse se relever fière et autonome!

 

Seconde partie SUIVIE D'UN DEBAT AVEC l'acteur haitien JIMMY JEAN-LOUIS, l'ancien footballeur LILIAN THURAM, l'actrice SONIA ROLLAND, la politologue FRANCOISE VERGES et l'historien MARCEL DORIGNY

 


 

                                                                             

 

RESUME ET IMPRESSIONS:

 

Le projet défendu pendant sept longues années par l'actrice et productrice martiniquaise France ZOBDA ainsi que le producteur Jean-François MONTHIEUX est, je l'espère, un honorable et motivant point de départ pour une suite de projets en devenir, quels qu'en soient les pays d'origine.

 

Car non, chers producteurs frileux, il n'y aura pas de révolution noire suite à ce morceau d'histoire, il y aura, tout au plus, des gens contents de voir que ce pan de l'histoire française (sissi!) a enfin été abordé...ce qui va dans le sens d'une reconnaissance de tous ses héros.

 

Pour ce qui est des impressions que m'a laissé ce téléfilm, cela reste assez mitigé je vous avouerai! Avec de bonnes surprises et de moins bonnes, puis au final, un débat qui m'a semblé dépoussiérer certaines idées reçues sur le révolutionnaire dont j'ignorai moi-même beaucoup de choses.

 

Premièrement, selon moi, avec des acteurs comme ceux présents dans cette fiction, le scénario aurait pu être plus travaillé. Sans doute que la recherche de son audience a ralenti le film. Langue créole sous-titrée, puis français, puis finalement les deux. Je pense que là, le pays de production et la prise en compte de la double appartenance culturelle du peuple haitien ont pesé dans la balance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etant moi-même antillaise (ne parlant que trop rarement le créole tout en le comprenant très bien), cela m'a réellement frustrée d'entendre, dans un souci de réalisme, beaucoup d'esclaves parler sans une once d'accent. Il ne faut pas ignorer que le casting réunissait des acteurs antillais mais aussi des acteurs africains, ce que je trouve très bien mais ce qui a pu fausser l'approche linguistique que demande l'histoire.  

 

 

L'histoire qui bien entendu se devait de réserver quelques moments de bravoure et d'action- afin d'aimanter le public ciblé hein!- le fait un peu au détriment du scénario. C'est là que Philippe Niang s'est fait épingler pour avoir trouver un moyen de secouer l'intrigue afin de provoquer une accroche plutôt commerciale.''Et si on disait que le père de Toussaint était poussé pieds et poings liés dans la mer par des esclavagistes peu scrupuleux, parce que ne rentrant pas dans les critères recherchés par ces derniers vu son âge avancé (jeunesse, vigueur, aptitude aux travaux forcés éprouvants...)''. Alors que, si j'en crois mes sources, le père de Toussaint serait mort beaucoup plus tard en réalité. 

 

Il y a quand même de bons moments où je trouve les acteurs plutôt convaincants. Même...Magloire Delcros-Varaud (oui, le provoquant chroniqueur-animateur!) m'a semblé camper assez justement le rôle du secrétaire personnel de Toussaint: Mars Plaisir. Minute: je n'ai pas dit que c'était un bon acteur et que j'irai m'acheter un poster, non-non-non :-), juste que je m'attendais à un jeu plus superficiel de sa part.

Quant à Jimmy Jean-Louis, j'imagine l'honneur que ça a été pour lui, jeune acteur parisien d'origine haîtienne, accessoirement expatrié aux Etats-Unis, d'endosser les habits et d'interpréter ce héros national, international, universel. La sublime actrice sénégalaise Aissa Maiga qui joue le rôle de Suzanne, la femme de Toussaint, a quant à elle fait l'effort d'apprendre quelques mots en créole afin de servir au mieux son interprétation. Là où j'ai été très surprise, c'est de découvrir que sous le chapeau de Bonaparte, que l'on ne voit qu'au début de la 1ère partie, se cachait l'un des producteurs du film: Thomas Langmann. Fils d'un des plus importants producteurs de cinéma français: Claude Berri. Pourquoi pas après tout, mais était-ce une de ses conditions pour co-produire le film? Non, je ne suis définitivement pas fan de ce monsieur, connu pour faire du chiffre, des nombres et du chiffre là où l'art manque... A suivre!



14/02/2012
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