VALSE AVEC MON CINEMA

BLUE JASMINE de Woody Allen (2013)

USA - Durée: 98 mns

Distribution: Cate Blanchett, Sally Hawkins, Alec Baldwin, Andrew Dice Clay, Peter Sarsgaard, Bobby Cannavale, Louis C.K, Max Casella...

  

 

Tout d'abord, le cinéma de Woody Allen ne m'a jamais impressionné au delà de cette façon singulière qu'il a très tôt eu de raconter sa ville - au même titre que ses collègues Spike Lee et Martin Scorsese. En revanche, ses films ''cartes postales'' réalisés dans la seconde partie de sa carrière m'ont permis de découvrir une autre facette du cinéaste autrefois coincé entre deux rues de Manhattan. Sortir de cette bonne vieille Big Apple pour "globe-trotter" a été une de ses plus brillantes initiatives. Après de longues - et pas toujours bonnes - vacances européennes (To Rome with love, Match Point, Minuit à Paris, Vicky Cristina Barcelona...) je trouve que son retour au pays, très attendu par certains, lui va vraiment à ravir...Mais là, j'ai pas trouvé plus original, vous l'aurez sans doute lu via la presse internationale qui se prosterne (encore une fois) devant le maître new-yorkais...

 

Dans cet article, je ne me prosternerai aucunement mais je peux tout de même avouer que ce come back original et ô final assez ''girly'' est d'une grande fraîcheur et malgré la dureté de la situation, très drôle. Donc qui mérite, à mes yeux, que je me penche un peu dessus...

 

Pitch:

Mariée à Hal (Alec Baldwin) un homme d'affaires aux apparences parfaites et au compte en banque bien fourni, Jasmine (Cate Blanchett) affiche avec désinvolture un train de vie mondain et cellophané new-yorkais. Mais cette partie là, on la découvre après que la jeune femme ait débarqué en trombe chez sa jeune soeur Ginger (Sally Hawkins) au coeur de San Francisco. C'est à l'aide de flashbacks que Woody Allen présente non sans cynisme les raisons qui ont poussées le petit monde courtois de Jasmine a volé en mille éclats. Et l'image de celle qui se cache derrière un nom de fleur va rapidement s'effriter. Ginger, en soeur attentionnée et peu rancunière face au double jeu que joue son aînée tentera malgré leurs différends de lui redonner goût à la vie. Une mission qui va s'avérer complexe et risquée car la Blue Jasmine du titre quoique très présentable derrière son regard azur et ses allures clean est en réalité une femme frustrée, malheureuse, dépendante et venimeuse cachant dans son sac Vuitton de lourds secrets. Le moment est arrivé pour cette dernière de repartir de zéro et de remettre un peu d'ordre dans sa vie.

 

Depuis ses débuts cinématographiques, il n'est un secret pour personne que Woody Allen aime les femmes et les actrices qu'il tend à porter au firmament et vers une gloire certaine (Mia Farrow, Diane Keaton, Penelope Cruz, Scarlett Johansson...à qui on dit Merci ??).  Aussi son retour au bercail se matérialise à nouveau au travers de deux actrices d'exception. On parle pour l'essentiel de la (sublime) américaine Cate Blanchett dans un grand rôle mais la très britannique Sally Hawkins que vous avez peut être vous aussi aperçue grâce au cinéma de Mike Leigh (le génial All or Nothing et le très optimiste Be Happy) y est étonnante et un brin décalée -comme à son habitude. Il est clair ici que choisir deux femmes diamétralement opposées, tant physiquement que d'un point de vue moral (brune/blonde, grande/petite, distinguée/délurée, classique/excentrique, authentique/plastique, naive/calculatrice...) donne une grande force à ce film. Entourées d'hommes qui les aiment et/ou les embobinent, l'une et l'autre tentent de garder le cap de leur vie.

 

 

Jasmine qui nous est d'abord présentée comme une femme plutôt respectable malgré une superficialité certaine et affichée se dévoile alors. Et celle qui nous était apparue comme belle, raffinée et fraîche telle la rosée du matin s'avère être une alcoolique dépressive patentée dont les traits se durcissent à mesure que l'intrigue est levée. Après avoir longtemps rouler en limousine dans la ville de tous les possibles, c'est dans un taxi local qu'elle fait une entrée (ou intrusion, c'est vous qui voyez) remarquée dans la vie et le modeste appartement de sa soeur qui élève seule ses deux fils. La cadette, quelque peu naive lui ouvre sa porte malgré les avertissements de son ex-mari Augie et de son nouveau compagnon Chili que Jasmine méprise dès la première rencontre. Comment accepter ses personnages si pathétiques issus d'un milieu social où Fendi et Chanel n'ont pas leur place? Dur, très dur pour Jasmine. Femme au bagout certain mais au portefeuille désormais vide.

 

 

Très tôt, on comprend pourquoi leurs différences ont rapidement et durablement séparées les deux jeunes femmes mais aussi que celle qui a tout foiré n'est pas celle que l'on croit. Vie modeste mais authentique versus vie aisée mais ''fake''. Hal et Augie, leurs maris respectifs n'avaient quant à eux aucune raison de se croiser jusqu'à ce qu'un placement proposé par le premier au second ne les sépare ad vitam.

 

Woody Allen nous conte grâce à son savoir faire et à l'interprétation irréprochable de Cate Blanchett l'ascension et la chute d'une femme "de". Jasmine croyait en l'amour mais surtout en sa golden card quand Hal lui a brisé le coeur - et dégonflé le compte en banque. L'homme affairé s'est transformé en une sorte de mix' entre Christophe Rocancourt/Bernard Maddof et DSK avant de se faire coincer grâce à un coup de fil dénonciateur mystérieux. Quelle femme n'aurait pas péri, affadie par la déception et...le remord? 

 

La solitude et l'aigreur de Jasmine nous questionne sur l'état d'esprit actuel de l'ancien créateur de rêves Allen. Le come back du cinéaste est certes signé de sa plus belle plume mais avec la livraison d'un constat dur et amer. L'Amérique n'est définitivement plus ce qu'elle était, cernée par le pouvoir, l'argent et le manque de scrupules. Et Woody Allen de faire une critique sociale et habile après avoir trainer ses guêtres en Europe (Paris, Rome, Londres, Barcelone) comme si la coupure de presque dix ans lui avait fait prendre un nouveau départ et un nouveau point de vue sur les moeurs et les démons qui dévorent sa terre natale. 

 

Et à l'arrivée, c'est qui-qui va rafler quelques récompenses pour une oeuvre réussie et un retour en grande pompe? On parle de Cate Blanchette coiffant et crucifiant au poteau ses consoeurs pour l'Oscar dans la catégorie "Meilleure actrice". To be continued...



02/10/2013
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