VALSE AVEC MON CINEMA

SANDRINE BONNAIRE

 

 

                                 sandrine bonnaire

 

 

Ô Sandrine Bonnaire! C'est sans doute l'une des rares actrices qui rappelle à ma maman des souvenirs d'émerveillement chez sa fille de 7 ans.

 

''Maman, maman, viens oir, viens oir, y'a Sandrine Bonnaire dans la télé...!'' et je restais là, comme envoutée, à fixer le poste de mes grands yeux en amande qui brillaient comme des olives.

 

Et plus tard, je devais en plus rencontrer Martine qui deviendra mon animatrice préférée du centre aéré. Martine ressemblait vraiment beaucoup à Sandrine Bonnaire...ce même regard rieur, ce même sourire à fossettes...meme si elle était un poil plus imposante physiquement.

 

Et en secret, j'étais un peu amoureuse de Martine... enfin pas amoureuse-amoureuse mais plutôt très attachée parce quec'était ma maman du centre et que je ne l'oublierai jamais.

 


Pour l'essentiel...

 

Sandrine Bonnaire est née sous le signe des Gémeaux et est ascendant Vierge, tout comme moi. Ce doit être pour cette raison scientifiquement prouvée (!!!) qu'elle rayonne, qu'elle a un sourire à faire fondre toutes les banquises de l'Antarctique et que c'est une actrice qui a beaucoup de talent et qui dure...

 

Authentique, spontanée et plutôt culottée depuis ses débuts dans le très autobiographique A nos Amours (1983) de Maurice Pialat, Sandrine Bonnaire est une artiste qui prend des risques et assume le meilleur et le pire d'une carrière qui n'a jamais connu de réel temps mort.

 

                                                                       

Et là, pendant que j'écris, je me demande si je n'aurai pas dû classer cet article dans la catégorie Lectures car je lis actuellement ''Le Soleil me trace la route'' qui est le résultat d'une suite de conversations de plusieurs années avec Tiffy Morgue et Jean-Yves Gaillac. C'est cet ouvrage qui m'a donné envie de revoir certains de ses films et qui m'a rappelé que cette actrice, elle en avait dans la culotte...C'est si joliment dit, n'est-ce pas?

 

Issue d'une famille nombreuse (11 enfants) et d'un milieu très modeste, la fleur Bonnaire vit alors à Grigny dans le 9-1 où son père travaille d'arrache pied pour pouvoir nourrir son monde pendant que sa mère, alors témoin de Jéhovah, jongle entre échappées belles et présence domestique presque étouffante, surtout pour Sabine, la soeur autiste de Sandrine.

 

Au milieu de ce méli-mélo familial, Sandrine cherche à vivre ses expériences et un jour, par accident, par amusement, elle décide d'accompagner sa soeur ainée à un casting. Quand Maurice Pialat l'a rappelle pour le rôle de Suzanne, elle ignore son appel pensant que c'est une sacré bonne blague de sa part. Parce que Pialat elle s'en tapait un peu pendant que d'autres auraient vendu tous leurs biens et peut-être leurs enfants pour être dirigés par cet ogre colérico-sensible et déprimé. Parce Maurice Pialat était doué et que jouer pour lui était considéré comme jouer dans la cour des grands. D'ailleurs ceux qui s'y sont essayé ont fini par devenir très grands: Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Cyril Collard, Dominique Besnehard...

 

Puis Suzanne, adolescente paumée et tiraillée entre le désir amoureux et l'amour/haine pour son père et sa mère fut... grâce au talent d'une actrice en herbe mais aussi grâce à l'auteur grisonnant qui était tombé sous le charme d'une môme qui se foutait du cinéma et qui deviendra sa bonne étoile. Puis Suzanne, c'est un peu Sandrine et son père c'est un peu Maurice même si elle avait déjà un papa. Parce que la réalité a une place importante dans cette fiction qui finalement n'en est pas vraiment une. Parce que la vie c'est ça: les claques qui volent, les engueulades qui se multiplient, Maurice Pialat qui boude et plante sans vergogne son équipe en plein tournage, laissant à son assistant, l'acteur Cyril Collard le soin de diriger la petite famille déjà bien sur les nerfs.

 

Mais la carrière de l'actrice française ne se fige pas autour de ce rôle, elle prend ce qu'il y a à prendre et continue son chemin, parce qu' elle a besoin d'apprendre, parce que le cinéma français et de plus le cinéma d'auteur est à ses pieds, parce que réussir à survivre à une expérience avec Pialat équivaut, en quelque sorte, à une traversée de la Manche à la nage. Mais Sandrine n'est pas débonnaire et n'a pas la langue dans sa poche. Elle ne joue pas de rôles qui pourraient l'enfermer et l'étouffer, elle qui aspire à beaucoup de liberté (comme moi, encore!!).

 

Finalement, je n'ai pas vu beaucoup de ses films, une poignée sur une cinquantaine. Mais j'ai récemment revu La Cérémonie de Claude Chabrol (1995) et ce film m'a à nouveau glacé le sang. Pour ceux qui ne sont pas fous du cinéma français et qui pense que les films d'auteur ne parlent à personne à part à eux-mêmes, je pense que ce film pourra peut être vous faire changer d'avis.

 

 

 

Comment disséquer les bonnes vieilles moeurs de la bourgeoisie provinciale et renvoyer une image éraflée de cette classe mais aussi des deux femmes qui vont se liguer contre cette barrière sociale. Folie meurtrière, complexité des relations, jalousies, goût pour le secret. Quel programme!

 

 

Ce film est un des plus angoissants que j'ai eu à voir ces derniers mois. Je me suis sentie mal, mais vraiment très mal, dès le début du film. Avec une Sandrine Bonnaire dans le rôle de Sophie (!), une jeune bonne à tout faire embauchée par un couple bourgeois - Jacqueline Bisset et Jean-Pierre Cassel. Timide, distante mais aussi arrangeante et très professionnelle à ses débuts, on assiste au fossé qui va commencer à se creuser entre ses employeurs et elle ainsi que le début de son amitié avec Jeanne, la postière de ce bled paumé et triste. La fin du film m'a tellement figée que je n'osais même pas me lever pour aller me faire une tisane...Et vous?

 

A suivre...I'll be back!



28/08/2012
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